18 Janvier 2010
Entre 150 et 200 militants affiliés à la Fédération Grand-Est Stop déchets
nucléaires ont participé, toute la journée, à une manifestation d'envergure intitulée "Grand rallye de Bure".
Entre 150 et 200
militants affiliés à la Fédération Grand-Est Stop déchets nucléaires ont participé, toute la journée, à une manifestation d'envergure intitulée "Grand rallye de Bure".
Une opération d'information et de sensibilisation auprès des habitants des 33 communes candidates à l'accueil des déchets radioactifs de faible activité à vie longue (FAVL). Quatre circuits
automobiles étaient organisés au départ de Juzennecourt et Joinville (Haute-Marne), de Montigny-les-Vaucouleurs (Meuse) et de Soulosse-sous-Saint-Elophe (Vosges).
En cours de route, des actions pacifiques et symboliques ont notamment été menées à Saint-Blin (52), où la démocratie, représentée par un cercueil, a été enterrée au cimetière, à Grand (88),
où une procession a conduit un sarcophage de la mairie à l'amphithéâtre, et à Bure, où un "hommage aux morts du nucléaire" a été publiquement rendu par les manifestants devant le
monument aux Morts. L'après-midi s'est terminé par une distribution de tracts dans les boîtes aux lettres des riverains des 33 communes visées par l'enfouissement des déchets radioactifs. Alors
qu'une pétition a été présentée aux habitants des quatre villages touchés par la Zone d'intérêt pour la reconnaissance approfondie (Zira), un sous-sol argileux de 15
km2 censé stocker en profondeur les déchets nucléaires de moyenne et haute activité.
Aux morts du nucléaire !
Action pacifique et symbolique, hier devant le monument aux morts de Bure, pour les
antinucléaires qui participaient à un grand rallye sur trois départements.
«
Réveillez-vous ! Réveillez-vous ! Ici, on a l'impression que tout le monde roupille... » Bonnet rouge enfoncé sur le crâne, Maurice a dégoté deux branches de sapin qu'il présente
fièrement dans ses mains. L'une est sèche et dépourvue de ses aiguilles. L'autre respire la verdure et la santé. « Avant ! Après ! Avant ! Après ! », ne se lasse-t-il pas de répéter.
En d'autres termes, la vie sans déchets radioactifs dans le sous-sol argileux meusien et haut-marnais, et la mort en présence de la poubelle nucléaire. Voilà, selon lui, ce qui attend les
habitants du secteur.
Comme Maurice, ils étaient une petite centaine à s'être rassemblés, hier après-midi devant le monument aux morts de Bure. Tous adhérents d'associations affiliées à la Fédération Grand-Est Stop
Déchets nucléaires, qui avait mis sur pied, pour la première fois, un grand rallye ouvert à tous. « L'objectif de la journée est de sillonner les 33 communes candidates à l'accueil des
déchets radioactifs de faible activité à vie longue (FAVL), d'informer et de sensibiliser la population », précise Michel Marie, l'un des porte-parole de la Fédération.
Quatre départs distincts ont donc été donnés hier matin, à Juzennecourt et Joinville (Haute-Marne), Montigny-lès-Vaucouleurs (Meuse) et Soulosse-sous-Saint-Élophe (Vosges). Quatre circuits
convergeant vers la salle polyvalente de Gondrecourt-le-Château pour une pause casse-croûte et diverses animations.
« Une affaire de santé
publique »
Sur le chemin, plusieurs actions pacifiques ont été accomplies par les manifestants. Comme à Saint-Blin (52), où la démocratie, représentée par un
cercueil, a été enterrée au cimetière du village candidat au FAVL.
« Nous avons
également fait un arrêt minute devant le domicile de Bruno Sido (sénateur et président du conseil général de la Haute-Marne), à Manois, où nous avons déposé une cargaison de déchets nucléaires
symboliques. Il n'était pas là car il savait qu'on venait », poursuit Michel Marie.
À Joinville, un plaidoyer contre l'enfouissement des déchets radioactifs a été servi au maire Bertrand Ollivier, qui gère une « municipalité plutôt contre le projet mais tentée par
l'attrait de l'argent ». À Grand, une procession s'est déroulée pour conduire un sarcophage de la mairie à l'amphithéâtre. « Une boîte de 2,20 m sur 80 cm avec le nom du maire,
de deux adjoints et de quatre conseillers qui ont voté pour les FAVL », détaille Audrey, 22 ans. « On va empoisonner la population si elle ne se réveille pas. C'est une affaire
de santé publique ! », affirme Régine, sa maman.
À Bure et au porte-voix, Michel Gueritte, président de l'association antinucléaire de QV, dans l'Aube, a souhaité rendre un « hommage aux morts, civils et militaires, du nucléaire
» en listant les tragiques conséquences de plusieurs accidents répertoriés sur Internet. Au premier rang desquels Tchernobyl qui, d'après un spécialiste, « aura fait plus de
morts que pendant la Seconde Guerre mondiale ».
L'arrêt de Superphénix
Michel Gueritte
aurait bien voulu recouvrir, toujours de manière symbolique, le monument aux morts par un masque géant de Tchernobyl mais il n'a pas trouvé la matière première. Il n'y avait qu'à l'imaginer,
après tout, avant d'inviter les militants à distribuer des tracts dans les boîtes aux lettres des riverains des communes environnantes. Avec une mention spéciale pour les habitants des quatre
localités concernées par la Zone d'intérêt pour la reconnaissance approfondie (Zira), censée recevoir le stockage en profondeur des déchets radioactifs de moyenne et haute activité.
Au total, entre 150 et 200 militants auront donc participé au « Grand rallye de Bure ». Une fréquentation qui satisfait Michel Marie. «
Il faut oser se montrer même si certains subissent des pressions dans leur travail. De toute façon, on n'est jamais assez et
notre pire ennemi, c'est la résignation. Qui aurait dit, par exemple, que la centrale Superphénix s'arrêterait au bout de dix ans ? Alors, pourquoi pas Bure... »
Nicolas GALMICHE
Est-Républicain - 18/01/2010