Oh, le
beau bébé !
Valor'Aisne a invité l'union à venir visiter le chantier de l'Ecocentre de la Tuilerie, mardi. Le papa, Thierry Lefèvre, n'a pas tari d'éloges à l'égard de son rejeton.
Thierry Lefèvre, président de Valor'Aisne et André Rigaud, président de la commission Ecocentre, ont joué les guides pour la presse.
QU'IL ÉTAIT fier de nous présenter son bébé mardi, Thierry Lefèvre, le président de Valor'Aisne (syndicat de traitement des déchets ménagers). L'Ecocentre de la Tuilerie, destiné à stocker des
déchets ménagers de l'Aisne (80 000 tonnes par an), encore en chantier à Grisolles pour quelque temps, est selon lui « exemplaire ».
« De l'eau pure ! »
Botté et muni d'un gilet fluorescent, il nous l'a démontré à chaque étape du site. A l'entrée, les voiries (pour les camions et les véhicules légers) seront séparées. Un rond-point permettra de
gérer le flux de rotation des camions (102 par jour) et les bâtiments sont labellisés Haute qualité environnementale (HQE). Il faut dire qu'avec leur intérieur bois et extérieur aluminium, les
bâtiments agrémentés de panneaux solaires et d'une pompe à chaleur répondent parfaitement aux critères écologistes en vogue. « Regardez le quai de transfert, on aurait pu faire un cube, mais non,
nous avons voulu qu'il soit recouvert de bardage bois tout en courbe pour qu'il s'intègre dans le paysage », vante Thierry Lefèvre.
Plus loin, les deux bassins destinés à recueillir les lixiviats (jus provenant des déchets) sont « surdimensionnés ». Le liquide qui en ressortira est surprenant : « De l'eau pure ! » Elle sera
rejetée dans le milieu naturel alors ? « Non, elle s'évaporera. »
La 8e merveille du monde
À l'approche d'un caveau en béton, Thierry Lefèvre ne cache pas son émotion. « Venez, venez », insiste-il. On n'ose avancer, des fois qu'il nous y pousse, nous, les méchants journalistes.
Bienveillant, il ajoute : « Il y a tellement d'argile sur ce site, qu'on a découvert des nappes d'eau perchées. Elles ne seront jamais en contact avec les déchets mais contrôlées 24 heures sur 24,
7 jours sur 7 avant d'être rejetées dans un bassin périphérique.Vous voyez, on sécurise tout. » Il précise : « En moyenne, on effectue 3 à 6 contrôles des eaux, ici, on en fera 12 ! » Par ailleurs,
« la barrière passive », ce qui isole les déchets du sol, est ici constituée d'une couche d'argile « supérieure » aux normes : « Elle fait 1,20 mètre au lieu d'1 mètre ». Quant aux cailloux
utilisés, « ce sont des galets ronds qui n'entailleront pas les géomembranes ». Faune et flore remarquables (œillet velu ou encore l'orthetrum brun, une libellule) n'ont pas été oubliés. Ils seront
préservés à l'aide de corridors biologiques et mares reconstituées. Le site pourra être visité, un sentier pédagogique a été créé. Bref, le chantier qui aura duré neuf mois, se veut beau et
propre.
On en gazouille tous…
Frédérique PETRE
l'Union - 12/11/2009
Le berger à la bergère…
C'était la Sainte-Françoise (Prévost, présidente de Vivre à Grisolles) lors de la visite mardi. Thierry Lefèvre, président de Valor'Aisne, a même fait une confidence : « Si Mme Prévost n'existait
pas, il aurait fallu l'inventer ! Grâce à elle, nous avons toujours été vigilants sur le dossier. » Un joli remerciement. Les formules de politesse passées, Thierry a répondu à Françoise Prévost
qui l'accusait de manquer de transparence sur le chantier (notre édition de mardi). « Nous l'avons toujours été », répond-il. Concernant la qualité de l'argile remise en cause par VAG : « Leur
analyse est malhonnête. On a vu un type se balader avec un peu de terre dans les poches. » La digue qui s'effondre : « C'est dû à la présence d'une nappe perchée qui a coulé et raviné le terrain
sur 50 cm. Nous avons néanmoins tout reconstruit en dur. La ligne LGV a eu le même souci. » Les comptes-rendus de chantier non communiqués : « Ils sont trop techniques. » Les rares réunions de
commission : « Se voir tous les 15 jours sur un chantier comme ça ne sert à rien. Toutes les 6 semaines, c'est préférable. ». La prochaine est prévue le vendredi 20 novembre.
l'Union - 12/11/2009
Ecocentre de La Tuilerie / Soupçons sur le chantier
Valor'Aisne ne serait pas transparent sur l'évolution du chantier de l'écocentre de la Tuilerie. Les demandes d'information des élus restent sans réponse…
La maire de Grisolles, Françoise Prévost, met en doute la qualité des argiles utilisées sur le chantier.
«VALOR'AISNE a des choses à cacher. » Ce sentiment est partagé par tous les opposants à l'écocentre de La Tuilerie
(qui doit valoriser les recyclable et éliminer les déchets ultimes) alors même que le Syndicat départemental de traitement des déchets ménagers de l'Aisne organise des visites du site en
travaux*.
Le chantier connaîtrait des problèmes de stabilité du terrain. Une digue entourant la zone de stockage aurait même cédé en juillet dernier. Mais Valor'Aisne aurait tu l'incident.
La maire de Grisolles, Françoise Prévost, inquiète pour la sécurité de ses administrés, s'est vue refuser à plusieurs reprises le droit d'aller sur site accompagnée de Pierre Benoît, expert en
hydrogéologie auprès des tribunaux. Le spécialiste avait néanmoins réussi à identifier, à partir de photographies prises de l'extérieur, des strates de gypse incompatibles avec la création d'un
centre de stockage des déchets (ces observations ont d'ailleurs été produites en justice).
Calcaire dans l'argile
Les représentants de Valor'Aisne ont finalement autorisé l'édile et l'expert a se rendre sur le chantier le 28 août dernier. Le spécialiste en hydrogéologie a prélevé deux échantillons de sol au
niveau de la couche d'isolation d'1,20 m, dite « barrière passive » composée normalement d'argiles vertes.
Le résultat des analyses met en doute la qualité des matériaux utilisés. « Les échantillons contiennent 62 à 79 % de calcaire, assure
Françoise Prévost, le rapport sous les yeux. Il ne s'agit pas d'argile verte. Les caractéristiques
physico-chimiques exigées dans la constitution de la barrière imperméable ne sont pas respectées. » Le risque encouru est grave selon le maire de Grisolles. « Les gaz produits par les déchets
stockés vont dissoudre le calcaire et provoquer des trous dans la couche. »
Une commission mise à l'index ?
Être délégué à la commission de l'écocentre ne semble même pas être un avantage pour suivre les problèmes du chantier. Yves Lévêque, maire de Rocourt-Saint-Martin, en témoigne : « La commission
ne s'est réunie que trois fois, alors qu'on devrait se réunir au moins tous les quinze jours. La prochaine réunion programmée le 19 novembre a été annulée et pas reportée. » Difficile dans ces
conditions d'avoir des informations.
Depuis le début des travaux en mai dernier, le délégué réclame des comptes rendus de chantier. D'abord oralement, puis par courrier recommandé, le 28 septembre, il a reçu une fin de non-recevoir
le 4 novembre.
Samedi avec tous ses collègues de la commission, Yves Lévêque a visité le site. « J'ai posé des questions, elles sont restées sans réponse », confie-t-il sans être étonné.
Il a demandé des expertises supplémentaires sur la couche isolante contestée. Sans grand espoir de voir sa requête aboutir.
Isabel DA SILVA
l'Union - 12/11/2009