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25 Février 2010
La réforme du statut du salarié représente le gros enjeu de Nestlé avec "une optimisation" du temps de
travail.
Un véritable marathon des
négociations s'est engagé entre la direction de Nestlé Waters Vosges et les syndicats CGT et CFDT du site vosgien depuis quelques mois, afin de créer un statut unifié pour l'ensemble du site
Vittel-Contrexéville. L'enjeu est de taille avec comme objectif une "optimisation" du travail (dixit la direction) passant par une concession de certains avantages acquis par les salariés avec,
en contrepartie, le maintien des rémunérations existantes. La partie s'est avérée rude et intense mais les échanges doivent aboutir à l'élaboration imminente d'un nouveau statut le 15 mars
prochain. Toutefois, les syndicats CGT et CFDT attendent l'adhésion ou non des salariés pour se prononcer en faveur du nouveau statut, avec des interrogations à la
clé.
Une véritable révolution de l'organisation du travail se poursuit donc avec comme base de discussion le maintien de la production actuelle : "Cette année, nous sommes parvenus à maintenir le
volume de production de bouteilles prévu lors de l'avenant à la GPEC avec un chiffre de 1,2 milliard de cols. Pour parvenir à ce résultat, d'importants efforts promotionnels ont été mis en place
par notre service des ventes en direction des trois marques du groupe : Hépar, Contrexéville et Vittel. D'autre part, la participation de Nestlé Waters au Tour de France et les campagnes
publicitaires dans les médias expliquent la stagnation des ventes alors que le marché de l'eau minérale baisse en général de 5 %", argumente Véronique Fontaine-Heim, directrice du site
vosgien de Nestlé.
Au cours de son argumentation, la responsable laisse clairement entendre que le maintien des ventes est essentiel pour la poursuite d'une
politique industrielle et salariale cohérente. Toutefois, les négociations ont apporté des réformes importantes dans le mode de fonctionnement des salariés.
"Alors que la direction garantit le même niveau de rémunération salariale, une plus grande valorisation des compétences sera introduite dans la stratégie de l'entreprise", ajoute la
directrice.
Parmi les efforts demandés figure une plus grande flexibilité du temps de travail. "Toujours dans l'optique de conserver notre production à son niveau actuelle, il faut parvenir à répondre
aux besoins des clients de manière très réactive. Réagir tout de suite à une commande est déterminant dans le marché actuel de l'eau. Les plannings des salariés pourront ainsi être modifiés à
partir d'un délai de seulement dix jours. Il sera possible de moduler les semaines de travail avec 0, 4 ou 5 jours de présence en fonction des priorités liées aux ventes. S'adapter aux
concurrents et offrir une qualité de service au moins égale sinon supérieure est un atout de circonstance", assène Véronique Fontaine-Heim, traduisant ainsi la pensée économique de la
multinationale suisse.
Eric NURDIN
Vosges Matin - 25/02/2009
1,2 milliard
La production de 1,275 milliard de cols d'eau minérale Nestlé Waters Vosges se divise en trois marques distinctes, chacune génératrice d'un volume.
L'eau de Contrexéville représente 350 000 millions de cols ; la source Hépar génère 230 000 millions de cols ;
l'eau de Vittel représente 650 000 millions de cols.
Un effectif en chute
libre
L'évolution des effectifs des deux sites Vittel-Contrexéville a observé une chute vertigineuse en l'espace de 35 années.
1975 : 1 700 salariés à Contrexéville et 3 000 salariés à Vittel.
1992 : Nestlé Waters prend le contrôle des deux sites.
2004 : 2 000 salariés travaillent sur les deux sites.
2011 : à la fin de l'année 2011, il restera moins de 1 000 salariés sur le site vosgien.
Dans le même temps, la capacité de production a connu une évolution vertigineuse jusqu'en 2006.
2006 : 1,8 milliard de cols produit sur l'année constitue l'année record.
2009 : la production se stabilise à 1,275 milliard de cols.
La gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) a nettement revu à la baisse les objectifs de production. De 2,1 milliards en 2005, l'objectif de production est tombé à 1,2
milliard de cols en 2010. Durant cinq ans, le budget publicité a été pratiquement inexistant avant de réapparaître en 2009, année de stabilisation des volumes de production.
Un nouveau statut qui fait
débat
Les composantes du nouveau statut des salariés Nestlé Waters Vosges sont décortiquées par les délégués syndicaux avant d'informer l'ensemble du personnel les 4 et 6
mars.En gestation
depuis plus de quatre ans, le nouveau statut des salariés prévu pour les deux sites de Nestlé Waters doit bénéficier de l'assentiment du personnel avant le 15
mars.
La réunion du comité d'entreprise de Nestlé Waters demain annonce la dernière ligne droite avant la signature ou non du nouveau statut des salariés de l'entreprise vosgienne de production d'eau
minérale. Les cinq dernières réunions ont permis de compenser en partie une négociation qui traînait en longueur depuis 51 mois.La mise en place de règles salariales
identiques entre les anciens employés de Contrexéville et ceux de Vittel constitue un cap juridique inévitable pour la pérennité du site.
De son côté, la direction semble répondre à une exigence économique circonstancielle. "Une chose est certaine, la production de cols s'est stabilisée à 1,275 milliard de cols en 2009. Si nous
voulons continuer à fonctionner avec le même effectif, il faut maintenir ce cap, explique Véronique Fontaine-Heim en tenant compte du dernier plan de départs volontaires,
250 personnes partiront sous forme de départs volontaires lors deux prochaines années. La première vague se
situe au 1er septembre 2010 avec 100 salariés. Bientôt, nous allons enregistrer les demandes de celles et ceux qui souhaitent établir un projet professionnel. Dans le même temps, il convient
d'étudier les changements de postes possibles avec des formations adéquates. Tout le processus se déroulera harmonieusement afin d'éviter une baisse de
production."
CGT : "Nous attendons
l'expertise"
Les locaux de la CGT ont fait l'objet d'une animation toute particulière hier. La trentaine de délégués CGT était
au rendez-vous afin de prendre connaissance de manière précise du dossier relatif au nouveau statut salarial. "La direction s'appuie sur des chiffres négatifs pour justifier une augmentation
du temps de travail en réduisant le temps de pause de 30 à 40 minutes suivant les postes. Avant de prendre une quelconque décision concernant la signature du statut, nous attendons le rapport
d'expertise de la société Apex", confie Christian Hemmonot, secrétaire de la CGT. Au travers les échanges effectués avec la direction, les représentants syndicaux ont bénéficié de quelques
chiffres alarmistes lancés par Nestlé Waters autour de la table des négociations.
"La direction annonce pour la première fois des pertes du résultat net se situant entre 15 et 20 millions d'euros en 2009. Malgré tout, et même si les chiffres sont confirmés, l'entreprise
devrait considérer les résultats antérieurs qui ont permis à Nestlé de toujours dégager des bénéfices. Les sites méritent d'être soutenus pendant deux ou trois ans avant de retrouver
l'équilibre", enchaîne le syndicaliste.
Le prochain vote du nouveau statut ne semble pas forcément très équitable pour la CGT. Les responsables ressentent une pression sous-jacente de la direction. "L'avenir des sites vosgiens est
quelque peu soumis à un chantage. Si le statut n'était pas signé, Nestlé Waters sait pertinemment que nous serions obligés d'adopter la convention collective nationale des eaux minérales
nettement moins favorable, avec des contraintes individuelles. La réflexion actuelle porte sur l'éventualité d'un référendum", argumente Christian Hemmonot visiblement dans l'attente d'une
consultation avec la base avant d'agir dans une direction consensuelle ou d'affrontement.
Tout le monde a encore parfaitement en mémoire les grèves de 2006 où, pendant huit semaines, les salariés ont fait entendre leur position. "Lorsque la direction affirme que les salaires
resteront à leur niveau, il convient de nuancer. Certes la rémunération ne bouge pas mais les compléments, à l'instar de la prime de vacances, resteront gelés. De plus, ce maintien des salaires
ne s'appliquera pas aux personnes embauchées à partir de maintenant", remarque Stéphane Cachet. Soucieux de la pérennité de l'entreprise, les délégués CGT s'inquiètent de la santé du marché
ainsi que des ventes à l'export. "Nous sommes conscients des difficultés de la vente des eaux, même Cristaline a supporté une baisse de 5 %. Le comportement de Vittel à l'export est également
préoccupant avec parfois des concurrents… du groupe Nestlé. Après les rencontres avec les salariés des 4 et 6 mars, nous prendrons une position claire."
E.N.
CFDT : "Bientôt un référendum"
"Cela fait 51 mois exactement que nous devons mettre au point un nouveau statut afin d'instaurer une cohérence entre les salariés des deux
usines de Vittel et Contrexéville. Dommage d'être obligé de se prononcer bientôt alors que tous les points n'ont pas été discutés dans les réunions, comme la complémentaire retraite ou les
subventions au CE. Les changements de trois directeurs et deux DRH sur cette période n'ont pas été bénéfiques pour l'avancée des négociations. Alors que nous avons bénéficié de deux ans
supplémentaires, nous sommes pressés par le temps et contraints de décider quelque peu à chaud. Les choses auraient très bien pu se dérouler tranquillement. D'ailleurs, il a fallu attendre les
cinq dernières réunions pour vraiment avancer avec des petites concessions de la direction", regrette Eric Pery, secrétaire de la CFDT.
À l'instar de leurs collègues de la CGT, Eric Péry et les délégués CFDT souhaitent un
référendum avant de prendre une position définitive : "Nous avons annoncé depuis longtemps notre intention de faire appel à un référendum pour déterminer
la position de la CFDT par rapport au projet de statut. Reste à savoir à quelle limite nous fixerons le pourcentage nécessaire pour accepter les règles actuelles déposées dans le
dossier."
L'information constitue la prochaine étape de la CFDT afin que chacun possède les éléments indispensables au vote : "Deux
réunions d'une heure trente chacune ont été négociées avec la direction sur leur temps de travail. L'une concernant les équipes du week-end et l'autre pour celles de la semaine. Compte tenu du
nombre de questions en suspens, ce ne sera pas de trop. Tout le monde doit parfaitement évaluer le pour et le contre. A savoir, les moyens d'action de la direction en cas de refus de
signer."
Le responsable syndical CFDT en profite pour insister sur la situation dominante de ses collègues CGT : "Il faut savoir que la CGT représente 51 % des salariés.
Avec cette position, elle peut très bien signer seule et le nouveau statut sera alors validé officiellement. Cependant, nous jouerons notre rôle en apportant des précisions sur le statut.
Ensuite, tout reste possible avec une direction qui peut la jouer dure, médium ou light", assure Eric Pery parfaitement conscient de l'importance des deux prochaines semaines dans la
décision finale.
E.N.
Vosges Matin - 25/02/2010