Refusant d'autoriser un droit de passage sur ses terres pour créer une route d'accès à la décharge, un paysan retraité raconte avoir été victime
d'intimidation.
«J'en avais perdu la parole et je n'ai pas dormi pendant trois nuits» assure René Nivert, un agriculteur retraité de Robécourt qui
ne s'attendait pas à la visite qu'il a reçu le 28 mars. Avec en poche les compromis de vente de deux propriétaires fonciers, un émissaire d'une filiale de Villers Service s'est présenté à sa
porte pour négocier un droit de passage sur ses terres. Pour la société qui projette d'implanter un centre de stockage de déchets ultimes à la Fennecière, il s'agit de créer une route d'accès au
site.
«Je ne veux pas sacrifier le village pour une poignée d'euros » lui a répondu l'octogénaire. «Il m'a rétorqué que si le projet d'implantation du CSDU était validé, je serais
exproprié par le préfet !»
Régine Thomas, maire du village, a été témoin de la scène. Elle pourra donc attester de ces méthodes peu cavalières d'intimidation dont le conseil municipal dans son entier s'est offusqué lors de
sa dernière réunion. Une délibération de soutien à M. Nivert a d'ailleurs été transmise sans tarder à la sous-préfecture.
Informée des faits, l'association Accid a également réagi très vivement. M. Nivert était invité à raconter les faits lors de la réunion qui s'est tenue mercredi soir à la salle communale. Se
sentant soutenu par l'assemblée, il a décidé de déposer plainte pour intimidation. Régine Thomas et Eric Valtot, le président d'Accid, l'accompagneront lundi à la brigade de gendarmerie de
Lamarche.
Après la réalisation début mars de forages visant à sonder la perméabilité du sol, ces nouveaux événements ont décidé l'association à mettre le turbo pour mobiliser de nouveaux sympathisants à sa
cause. D'abord en intensifiant la communication pour expliquer, par des tracts, aux habitants de la région, les menaces que feront peser la création d'un CSDU. «Il faut prendre garde à la
désinformation qui circule en mettant l'accent sur la dangerosité d'un CSDU pour l'air, l'eau, le sol et la santé publique» appuie Alain Vergne. Conscient que le soutien des élus serait un
atout dans son combat, l'association a décidé aussi de prendre rendez-vous avec le député, les conseillers généraux et les maires des grandes aggomérations concernés pour tenter de les rallier à
sa cause.