L'edition de ce jour de l'Est-Républicain comporte une page complète "Objectif Nature" dont plusieurs sujets nous concerne. En
particulier, sur les déchets. Dans le premier, Florence COURAUD du CNIID explique que l'important est surtout de produire moins de déchets, et à cette fin, de lutter contre le
suremballage.
Au quotidien, le consommateur pourrait produire deux fois moins de déchets, tout simplement en modifiant son comportement dans les grandes surfaces. Par
exemple, opter pour l'eau du robinet plutôt que de l'eau en bouteille.
Photopqr/La Voix Du Nord/P.PAUCHT
Plusieurs lois ont sombré dans l'océan d'ordures produit chaque année en France. Le Grenelle de l'environnement veut donner la priorité au
recyclage. Vaste chantier.
Chaque année, la poubelle des Français accroît sa surcharge pondérale de 1 à 2%, en dépit de toutes les campagnes d'information et d'incitation à une très
nécessaire cure d'amaigrissement... Au Grenelle de l'environnement, la question a été jugée si vaste qu'elle a fait l'objet d'un intergroupe spécifique. Sur sa table, les quelque 627 millions de
tonnes de déchets produits dans l'Hexagone en 2007.
Dans ce volume impressionnant, la part des ménages représente environ 4%, soit, en moyenne, 1kg de déchets par personne et par jour confié aux différentes filières de traitement. L'an passé, 40%
de ces déchets étaient envoyés aux décharges et 42% aux incinérateurs. Le reste étant valorisé à hauteur de 12% par le recyclage et de 6% par le compostage.
Produire moins
Très insuffisant pour les organisations environnementalistes qui n'oublient jamais de citer en exemple d'autres pays européens où la part de la
valorisation est nettement plus élevée : 60% en Autriche, 47% en Suisse ou encore 56% en Norvège. Le Grenelle tombait donc à point nommé pour tenter de remettre de l'ordre. Bilan après six mois
de débats: «un compromis flou qui est loin de la révolution écologique annoncée», soupire Florence Couraud, la directrice du Centre national d'information indépendante sur les déchets
(Cniid). Il est vrai que les écolos n'ont pas digéré la fin de non-recevoir que Jean-Louis Borloo, patron du ministère de l'Ecologie, leur a signifié au sujet du moratoire qu'ils réclamaient
contre l'installation de nouveaux incinérateurs, notamment celui de Fos-sur-mer, un investissement de 291 millions d'euros censé soulager de ses tonnes d'apports quotidiens l'énorme gisement
d'ordures de la décharge d'Entressens, point de convergence des déchets de l'agglomération marseillaise.
«Le problème des déchets est toujours vu sous l'angle de l'élimination, alors que la réponse se trouve en amont. Il faut simplement en produire moins», souligne Florence Couraud. Sans
écarter l'incinération, la table ronde a toutefois défini un plan d'action dont l'ambition est de réduire de 5 kg par habitant et par an sur 5 ans la production d'ordures ménagères, mais aussi
d'atteindre 75% de recyclage des emballages en 2012 contre 60% en 2006 ou encore de diminuer de 15% d'ici quatre ans le volume de déchets destinés à l'enfouissement ou à
l'incinération.
Suremballage effrayant
«Cet objectif est d'ores et déjà réalisé par d'autres pays, comme la Belgique ou l'Autriche. On reste tout juste dans la moyenne», ajoute la directrice du Cniid. L'association se bat
surtout contre l'emballage ménager. Même si son tonnage semble diminuer avec l'usage plus important du plastique, il pèse toujours 30% du poids de la poubelle. Une des mesures positives du
Grenelle a été d'augmenter de 56 à 80% la contribution que les producteurs d'emballages doivent financer pour la couverture des coûts de collecte, de tri et de traitement, «mais rien ne dit
qu'ils feront des efforts d'éco-conception de leur packaging», observe Florence Couraud.
Et les consommateurs ? En plein Grenelle, une étude de l'Agence de maîtrise de l'énergie (Ademe) a démontré que les Français pouvaient produire deux fois moins de déchets, simplement en modifiant
leur comportement dans les grandes surfaces.
La clé ? Privilégier le fromage à la coupe plutôt que les mini-portions suremballées, acheter des fruits et légumes au détail plutôt que sous fil plastique, opter pour l'eau du robinet plutôt que
l'eau en bouteilles, utiliser des écorecharges pour les produits d'entretien ou la lessive : «Il n'y a pas de petits gestes si nous sommes 60 millions à les faire», affirme l'Ademe.
Bien vu, d'autant que l'Agence a estimé à 600 euros par an l'économie réalisée pour chaque ménage. Et en ces temps d'érosion du pouvoir d'achat, la ristourne n'est pas négligeable.
Patrice COSTA
Est -Républicain 22/01/08