ACCID est une association loi 1901 qui a pour but de s'opposer à l'implantation d'un Centre de Stockage de Déchets Ultimes ou à tout autre type de décharge ou de stockages contrôlés
5 Juillet 2008
Je ne vous cache pas que j'étais impatient ce matin de lire le compte-rendu de la conférence de presse de M. le Préfet
au sujet du rejet du projet de Pierraumont. Mes premières impressions sont les suivantes :
- j'ai été un peu surpris mais ravi que M. le Préfet justifie son
refus par les conséquences qu'aurait pu avoir le CSDU sur « l'emploi, l'image et le tourisme » de la région. Passé l'effet d'annonce, je me demande cependant sur quelle base juridique il
peut appuyer cette décision. Nous verrons bien la réaction de la SITA et de ses juristes. Il va de soi - qu'en suivant cette argumentation -
la création d'un CSDU est tout aussi impossible à Robécourt qu'à Pierraumont : présence de Vittel, Contrexéville, Fromagerie de Bulgnéville, Tourisme Vert, Pole mondial de l'eau, avec en plus
Zone NATURA 2000 et ZNIEFF que l'on n'avait pas à Pierraumont.
- j'ai par contre fortement regretté qu'il ne
retienne "aucune considération d'ordre technique. Rien ne permet de dire qu'il y aurait eu un risque d'infiltration des lixiviats dans le sous-sol. Il n'y avait pas de risque avéré de
pollution des nappes phréatiques ». Bref qu'il n'y avait aucun danger ni pour les Eaux de Vittel, ni pour la nappe et donc qu'il donne raison à la SITA en ce qui concerne la géologie.
Cela me gêne car il me semblait que c'était le point fondamental du problème et le meilleur argument des opposants. Là, on introduit le principe
qu'une décharge "hyper contrôlée" peut être sans risque.
- j'ai encore regretté qu'il ne retienne pas d'autres arguments tout aussi convaincants : par exemple éloignement des centres de productions de
déchets, PEDMA en révision, réseau routier inadapté, ...
- j'ai eu une pensée pour les habitants de Ménarmont qui risquent de souffrir plus longtemps que prévu de leur CSDU;
- pour finir, je ne comprends pas que l'on continue à mettre sur le même plan, un industriel-exploitant comme la SITA et une société "d'affaires"comme Villers Services. C'est en faisant des
amalgames de cette sorte qu'il devient impossible de trouver une solution au problème des déchets.
Suit l'article de ce jour de l'Est-Républicain.
Il n'y aura pas de centre de stockage de déchets ultimes à Escles-Pierraumont. Le préfet a rejeté la demande d'autorisation
d'exploiter émanant de Sita Lorraine.
Albert Dupuy devant les médias hier matin : « la procédure était un peu longue
et compliquée ». On parle d'Escles depuis plus de deux ans....
Fin du pseudo-suspense, hier matin en préfecture. « La réponse est non et je tenais à vous le dire moi-même », a indiqué le préfet
devant les médias. Jeudi, Albert Dupuy a signifié au pétitionnaire, Sita Lorraine, l'arrêté dans lequel il explique pourquoi il n'a pas répondu favorablement à sa demande d'exploiter un centre de
stockage de déchets ultimes de déchets ménagers et assimilés (CSDU) sur le site d'Escles-Pierraumont. L'avis négatif rendu le 25 juin à une large majorité (13 contre, 5 pour, 4 abstentions) par
le Conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques (avis qu'il n'était pas obligé de suivre) a pesé lourd dans la balance. Albert Dupuy s'était engagé à ne
pas prendre de décision avant la fin de l'instruction du dossier. On y est pile poil.
Emploi, image tourisme
Le préfet a motivé sa décision sur la prise en compte des conséquences qu'aurait pu avoir le CSDU sur « l'emploi, l'image et le tourisme », et a indiqué, en revanche, qu'il n'avait pas retenu « de considérations d'ordre technique. Rien ne
permet de dire qu'il y aurait eu un risque d'infiltration des lixiviats dans le sous-sol. Il n'y avait pas de risque avéré de pollution des nappes phréatiques ». Albert Dupuy s'est tout
simplement rangé aux conclusions des expertises et de la tierce expertise, données que contestait notamment le Collectif rural anti-décharge (Crad). Il a forcément intégré dans sa réflexion
l'aspect économique défendu par Nestlé Waters et par le député Jean-Jacques Gaultier, chargé de promouvoir le pôle de l'eau (lire par ailleurs). Il y aurait eu paradoxe à installer une décharge,
même hyper contrôlée, dans une zone, la Vôge, qui cherche à tirer parti de son environnement, de ses forêts, et de ses réserves en eau. Le préfet admet que la situation en matière de traitement
des déchets va se compliquer. Ménarmont arrivera à saturation en juin 2009, Villers-Services a jeté son dévolu sur un site à Robécourt, mais là encore les «
éco-citoyens » et des élus ont fait entendre leur opposition et la procédure est loin d'être bouclée. D'ici-là, que faire ? Selon le préfet, « il est question qu'un autre projet soit déposé dans
les semaines qui viennent ».
Sita va réfléchir
Là, comme dans les cas de Villers-Services et de Sita, les services déconcentrés de l'État ne pourront pas s'opposer à l'instruction
de la demande, même si le conseil général a lancé une réflexion complète sur la problématique des ordures ménagères dans les Vosges. Conclusions attendues avant la fin de l'année. On rappellera
que l'on parle du CSDU d'Escles depuis plus de deux ans. « La procédure était un peu longue et compliquée », a admis le préfet.
Sita, qui a en mains le document signé jeudi, peut contester l'arrêté du préfet devant le tribunal administratif de Nancy.
« La qualité de notre projet n'a pas été remise en cause », a simplement commenté un porte-parole de Sita Lorraine, « on va réfléchir et utiliser le délai qui nous est imparti pour prendre une
décision. On a deux mois pour le faire ».
G.M.
Est-Républicain - 05/07/2008
Premières réactions à la suite de la décision du préfet :
• Jean-Marie Riat (maire d'Escles) : «Le sentiment qui domine, c'est le soulagement. Ce projet ne
cadrait pas avec ce que voulons faire du territoire. Quand on parle de territoire à préserver, ce n'est pas un effet de mode, il faut faire attention à ce qu'on laisse en héritage.
L'environnement est une carte essentielle pour l'avenir. Le préfet a pris une décision pleine de sagesse ».
• Renaud Gutton (président du Collectif rural anti-décharges) : «Excellente nouvelle ! Avec le résultat du Coderst et l'importance des votes contre, on commençait à y croire. C'est le
résultat de deux ans et demi de travail. L'équipe du collectif a été formidable. Il faut le dire aussi, nous avons été accompagnés et soutenus par les élus qui se sont très impliqués. Et puis, le
préfet a pris ses responsabilités. Maintenant, nous allons agir, dans la limite de nos moyens, pour faire évoluer la politique des déchets. L'élément essentiel reste la pédagogie ».
• Alain Roussel (vice-président du conseil général, président de la commission consultative traitement des déchets) : «J'étais contre ce centre, car on allait à l'encontre du seul potentiel
de développement de tout un secteur. Maintenant, nous devons proposer autre chose, tenir compte de ce qui existe. Faut-il plusieurs sites de stockage sur le département, trouver des arrangements
avec la Meurthe-et-Moselle ? Prenons nos responsabilités et avançons ».
• Jean-Jacques Gaultier (député de la Plaine, en charge du pôle de l'eau au conseil général) : « C'est une grande satisfaction. Chacun a eu le temps de prendre sa décision en son âme et
conscience. J'ai été contre ce projet depuis le départ, car j'ai toujours considéré qu'il y avait un risque. La protection des nappes était trop aléatoire et insuffisante sur le long terme ».
• Benoît Jourdain (président du syndicat vosgien de traitement des ordures ménagères) : « Ceux qui croient que la décharge de Ménarmont peut régler le problème se trompent. Sauf à créer un
dôme, mais je n'y suis pas favorable. Je ne souhaite pas que l'on proroge Ménarmont. Il faut un autre site d'enfouissement dans les Vosges, mais je n'ai pas de solution miracle. C'est compliqué
de trouver un consensus local sur un tel sujet ! »
Est-Républicain - 05/07/2008