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Association ACCID

ACCID est une association loi 1901 qui a pour but de s'opposer à l'implantation d'un Centre de Stockage de Déchets Ultimes ou à tout autre type de décharge ou de stockages contrôlés

Pas si fous que ça ... cultiver la terre plutôt qu'y enfouir des déchets

Voici 6 ans que les terres du Chêne ont été achetées par une entreprise pour y installer un centre de traitement et de stockage de déchets.

Depuis, les terres agricoles (48ha) ne sont plus mises en culture alors que l’usine ne peut pour le moment pas s’installer sur le lieu (des études d’impact environnemental sont à refaire)

Nous, paysans à la recherche de terres, occupons la ferme
depuis le samedi 7 juin 2008 et avons demandé au propriétaire et au Préfet un droit d’exploiter les terres en payant un bail agricole. Dans le même temps, nous avons mis en culture environ 7 ha de céréales et installé des chèvres.

La société a demandé notre expulsion, réalisée le 7 juillet 2008 sur ordre du Préfet

Pourquoi voulons-nous redonner une vie au lieu ?
  • Montrer à la population que pour de jeunes et petits exploitants agricoles il devient très difficile de trouver des terres
  • Montrer que la société n’a pas suivi la procédure en vigueur d’acquisition de terres agricole
  • Montrer que le problème des déchets est un problème global et que chacun participe à leur création.
  • Montrer cependant que d’autres systèmes économiques, notamment la « relocalisation », permettent de limiter leur importance. Il s’agit de favoriser les circuits de distributions très courts, producteur-consommateur, au niveau des communes ou communautés de communes, tout en créant du lien social
  • Montrer que les habitants des communes limitrophes ont tout intérêt à s’investir dans ce projet de ferme biologique et écologique que nous proposons parce que :
    • nous sommes une alternative à la présence d’un centre d’enfouissement
    • nous souhaitons vendre des produits frais de la ferme, en circuit court, qui sont autant d’alternatives aux sur-emballages des supermarchés
    • nous souhaitons rendre le lieu « vivant » et « ouvert », en proposant : d’organiser annuellement un festival musique et théâtre, d’accueillir des manifestations publiques, expositions ou réunions, de revaloriser le patrimoine
    • nous souhaitons créer un centre de ressources et d’expérimentations sur l’enjeu des déchets.

En conséquence et préambule de notre action, nous avions pris l’arrêté suivant :

Arrêté

Etant donné le projet de la société EDISIT d’exploiter un centre de stockage de déchets industriels banals, un centre de tri de déchets industriels et une déchetterie professionnelle sur la commune d’Ansac-sur-Vienne (Nord Charente-16) au lieu-dit « Le Chêne »

LA TRIBU DES PAS FOUS EN CONFOLENTAIS

VU l’enjeu environnemental dans le contexte actuel ;

VU les articles L125-1 à L125-15 et R125-1à R125-14 du code rural, concernant les terres incultes ou manifestement sous-exploitées ;

VU les informations diffusées par les médias concernant la politique agricole et environnementale actuelle sur :

  • le développement durable et l’installation à l’agriculture ;
  • la levée des jachères et des friches pour produire plus de produits alimentaires de base ;
  • le retard, quant à l’écologie, de la France comparativement aux autres pays européens ;

VU le projet de revalorisation des terres (cf ci dessous) du lieu-dit « Le Chêne » à Ansac-sur-Vienne, prenant en considération l’eau et les sources, ainsi que la flore et la faune présentes sur ou autour du site ;

VU la difficulté à acquérir des terres agricoles pour des petits projets à taille humaine face à l’agriculture intensive ;

VU le projet prévu au lieu dit « Le Chêne » concernant l’enfouissement de déchets industriels banals ;

Nous, citoyens de la terre, nous voyons dans l’obligation d’investir les lieux afin de protéger cette terre que nous empruntons pour nos enfants

ARRÊTE

ARTICLE 1er : La tribu des pas fous s’autorise à ensemencer les terres du lieu-dit « Le Chêne » ; ainsi qu’à y faire pâturer ses animaux ;

ARTICLE 2 : La tribu des pas fous s’autorise à investir les bâtiments existants au lieu-dit « Le Chêne » ; et à y organiser un espace d’informations sur les différents modes de recyclage et de traitement des déchets ;

ARTICLE 3 : La tribu des pas fous s’engage à faire revivre ce lieu en y installant et en y accueillant des personnes désireuses de faire de l’agriculture, de l’artisanat ou tout autre activité tant que celle-ci reste respectueuse de la faune, de la flore, de l’eau, de l’air, et donc de l’environnement.

La tribu des pas fous, le 12 mai 2008

Pour plus d'informations, voir leur site internet :
http://lechene.magraine.net/
Suit l'article de la Charente-Libre sur l'expulsion des 8 agriculteurs par 60 gendarmes à 6 heures du matin. Sans commentaire.

Une soixantaine de gendarmes a délogé les occupants de la ferme du Chêne à Ansac occupée depuis un mois par de jeunes agriculteurs. Une opération en force mais sans heurts


08.07.2008
Philippe ANDRÉOULIS



Hier après-midi, les expulsés sont venus récupérer ce qu'ils n'avaient pas pu emporter le matin (photo Ph. A)
Philippe ANDRÉOULIS

Une opération de ce type se passe bien lorsque la force est suffisante pour que personne n'ait envie de s'y opposer.» Partant de ce principe, le préfet de la Charente François Burdeyron s'était laissé une marge plus que confortable. Hier à l'aube, une soixantaine de gendarmes était sur le pied de guerre pour déloger les occupants de la ferme du Chêne à Ansac, sur place depuis exactement un mois. Vers 5h45, les forces de l'ordre n'ont trouvé que huit personnes.

L'une d'elles, qui patrouillait à l'entrée du site, a été rapidement neutralisée. Les sept autres ont été surprises dans leur sommeil sans même avoir eu le temps d'alerter leurs sympathisants.

Les premiers appels à l'aide se sont heurtés aux boîtes vocales des portables.

«Il y avait beaucoup de monde pour "quatre rigolos et cinq chèvres"», ironisait hier après-midi Virginie Filleul, reprenant les termes que le préfet avait utilisés quelques jours plus tôt pour les qualifier. Avec Laurent Fouquet et Hervé Legrand, elle a été à l'origine de l'occupation de la ferme du Chêne dès le 7 juin. Une action à double revendication: occuper une terre agricole qu'ils estiment laissée à l'abandon depuis six ans alors qu'eux, jeunes agriculteurs, ont toute les peines du monde à s'installer; s'opposer de cette manière au projet de site d'enfouissement de déchets industriels de
la société Edisit.

«Enfin la loi est appliquée!»

Hier, les sourires avaient changé de camp. «Enfin la loi a été appliquée! Il a fallu qu'on paye pour être chez nous.» André Brissaud, président de l'amicale des chasseurs de la Croze, du Chêne et de la Magnonie, qui loue les lieux à Edisit, a toujours en travers de la gorge ce mois d'occupation et les sommes qu'il a dû débourser, avec Edisit, pour les frais de justice et les procédures. «Environ 7.000 euros», estime Stéphane Lagarde. Comme le président de l'amicale, le directeur d'Edicharente, société sœur d'Edisit, était sur les lieux dès hier matin en compagnie de Christian Dazens, responsable du développement d'Edisit et chargé des affaires juridiques. «On est enfin chez nous. Il nous reste maintenant à remettre de l'ordre», poursuit André Brissaud. Les chasseurs sauront comment occuper leur été. La prochaine chasse au sanglier est prévue le 18 août.

La remise en ordre a débuté dès la «libération» des lieux. Les chasseurs ont fait un tas de ce que les déménageurs, venus à l'aube avec les gendarmes, n'avaient pas emporté. Les occupants sont venus tout récupérer à 16 heures. Une nouvelle confrontation à l'image de l'intervention du matin, sans heurts, même si la tension était palpable. Piquets de potager, tipi, ustensiles de cuisine, briques du four extérieur, poulet..., tout a été emporté.

«Pour des gens pacifiques, vous avez vu ce qu'ils ont fait?», interrogent tour à tour Christian Dazens et André Brissaud en montrant deux gros plots de bétons coulés dans le sol ainsi que des trous dans les murs. Plantés dans ces plots, des tuyaux en plastique. Au fond, une tige métallique. Un dispositif qui permet à un manifestant de glisser sa main cerclée d'une chaîne et munie d'un cadenas. Ainsi attaché, il est intransportable. Douze personnes pouvaient ainsi s'enchaîner sur la ferme. «Ça démontre leur intention de s'incruster ici et de résister», estiment les propriétaires des lieux. «C'est un moyen d'action pacifique», justifie l'un des amis des occupants. Ils n'auront pas eu le temps d'utiliser leur stratagème. Une déception de plus pour eux. Comme celle d'avoir été si peu nombreux sur le site malgré l'affluence des premiers jours.

«Ils n'ont pas attendu la table ronde»

Mais la plus grande des déceptions est sans doute d'avoir été surpris. «On avait un peu relâché la surveillance, reconnaît Virginie Filleul. On pensait qu'il ne se passerait rien avant la table ronde qu'on était en train d'organiser», soupire-t-elle.

Elle n'est pas seule à être déçue. La Confédération paysanne, premier soutien de ces jeunes agriculteurs, n'a pas tardé à condamner cette évacuation de force tout en soulignant «le manque franc d'implication des élus locaux pour soutenir un projet agricole atypique».

L'originalité du projet, qui voulait notamment s'affranchir de toute aide de l'Etat, n'a pas été suffisamment prise au sérieux, ajoute la Confédération. «Alors que beaucoup d'élus départementaux et régionaux s'inquiètent sur l'avenir de l'élevage, c'est encore une installation qui passe à la trappe», estime-t-elle.

Parmi les mécontents, le maire d'Ansac Serge Boudesseul ne décolère pas. Tenu à l'écart de l'opération, il a dit tout haut devant les gendarmes qui bouclaient les lieux ce qu'il pensait de l'attitude du préfet. «Une fois de plus, le préfet a fait du zèle en menant une opération sur mon territoire sans m'en avertir. Il n'a pas à agir comme ça», considère l'élu qui dit faire de son opposition au projet de décharge à Ansac «une question d'honneur». «Le préfet ne me connaît pas. Il a déclaré une guerre avec cet affront.»
De son côté, François Burdeyron reste serein. Dans ce type d'action, «il n'y a aucune raison de prévenir les maires», dit-il, lui qui a pris toutes ses précautions pour faire appliquer une décision de justice qui avait donné jusqu'au 26 juin aux occupants afin de vider les lieux. Encore sous le coup, ces derniers se sont repliés hier sur «leurs» terres à Alloue, une propriété de 2,4 hectares dont 5.000 mètres carrés cultivables seulement. «Ici, on ne pourra jamais vivre de notre métier!», se désole Virginie Filleul. Les expulsés l'avouent, ils ne savent pas encore de quoi demain sera fait. Seule certitude, le «Festival à la ferme» qu'ils avaient programmé du 18 au 20 juillet au Chêne aura bien lieu. Mais pour cela aussi ils recherchent des terres.

La Charente Libre - 08/07/2008

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