le nouveau maire de Sémur en Auxois demande la fermeture du site (créé par la société Villers Services) et
la remise en état du terrain, la commune se joint au recours de l'ASPA, le tribunal administratif demande une nouvelle expertise. Pendant ce temps, les déchets continuent de s'entasser sur le
site ... Merci Villers Services.
Centre de stockage de déchets ultimes de Vic-de-Chassenay
Philippe Guyenot : « Nous voulons que cela ferme »
Elu en mars dernier maire de Semur-en-Auxois, Philippe Guyenot entend faire fermer la décharge de Vic-de-Chassenay.
Entretien…
Le Bien public-les Dépêches. - Qu'est-ce qui a changé depuis que vous êtes élu maire de Semur-en-Auxois sur le dossier de la décharge ?
Philippe Guyenot. - « C'est l'ouverture du débat démocratique pour les Semurois. (…) Aujourd'hui, j'ai demandé que la décharge (1) soit ouverte afin que les Semurois puissent aller la visiter et
cela m'a été refusé par les dirigeants, qui ne veulent pas ouvrir le site pour des raisons « de confidentialité ». C'est qui m'a été rétorqué en pleine réunion de la CLIS, commission locale
d'information et de sécurité, devant le sous-préfet. Quand j'ai demandé, moi le maire de la commune la plus proche du site, à pouvoir rentrer, à pouvoir pénétrer sur le site, les responsables m'ont
répondu qu'il en était hors de question. Il y a une transparence qui n'est pas appliquée. D'autant que l'ancien maire pouvait, lui, s'y rendre quand il le voulait. Il l'a rappelé lors du dernier
conseil municipal. J'ajouterai que c'est étonnant parce que c'est un site où l'on n'enfouit pas, mais où l'on entasse. Et il suffit de se promener autour, de prendre de la hauteur et l'on voit les
déchets monter… »
LBP. - En quoi Semur-en-Auxois est-elle particulièrement concernée ?
P. G. - « Notre municipalité est menacée à deux niveaux : la pollution et l'odeur. Nos remparts sont à 3 000 mètres du centre. Nous avons un vent dominant, à 92 %, qui est un vent d'ouest. Nous ne
pouvons pas le changer. Et la décharge se trouve au nord-ouest. C'est la raison pour laquelle nous nous battons et nous battrons jusqu'au bout (…) Si nous souhaitons vivre et travailler au pays, ce
n'est pas pour avoir une odeur pestilentielle en quasi-permanence. »
LBP. - Concrètement, y a-t-il une nouveauté ?
P. G. - « La ville de Semur-en-Auxois est devenue co-requérante du procès qui est en cours avec l'association populaire qui s'appelle l'Association de sauvegarde du patrimoine de l'Auxois et qui
regroupe plus de 1 100 adhérents pour défendre notre cadre de vie. L'ASPA et la ville de Semur-en-Auxois viennent d'obtenir une première victoire, puisque le tribunal de Dijon a tranché sur le
doute qu'il pouvait y avoir sur la défense passive du sol en cas des pénétrations des boues et des lixiviats… »
LBP. - C'est-à-dire… ?
P. G. - « Aujourd'hui, la question est posée sur la qualité du sol. Les experts des promoteurs du dossier disent qu'il y a, sous le site, une barrière formidable de 4 mètres d'argile dont d'1, 2 m
d'argile compassé. C'est quelque chose, pour eux, de très sécurisant. Le professeur Zwahlen de l'université de Neufchâtel (Suisse), qui est un grand spécialiste en hydrologie, est venu à
Semur-en-Auxois rencontrer les promoteurs du projet. Il a fait des sondages, des carottages, des études… Pour lui, il n'y a pas d'argile sur ce site. Le professeur était surpris qu'une autorisation
ait été donnée sans aucun autre contrôle. Le tribunal a tranché. Puisqu'il y a deux expertises qui sont contradictoires, l'Etat demande à ce qu'il y ait une expertise réalisée par une tierce
personne. Ce n'est pas tout. La société qui devait créer un centre de tri ultramoderne, une trentaine d'emplois, a décidé de ne pas construire ce centre de tri. C'est une déflagration qui devrait
retentir jusqu'aux décisionnaires, jusqu'à l'ancien sous-préfet qui vend aujourd'hui des décharges et qui avait signé l'autorisation. On amène les déchets, on ne trie pas et on entasse. On nous
avait dit : ''on va trier les déchets et mettre ceux qui ne sont pas dangereux''. La société qui avait servi de caution écologique pour justifier la création du site dans notre campagne se retire
(…). Enfin, comme la quantité est insuffisante, les responsables de la décharge ont même été jusqu'à demander l'autorisation de collecter des déchets dans les départements voisins. La loi sur la
décentralisation et la responsabilisation des départements imposait la création d'un traitement des déchets ménagers. Cette loi a débouché sur la création d'un centre important ici à
Semur-en-Auxois pour les déchets du département. Aujourd'hui, on nous dit que l'on va prendre des déchets dans un département voisin. Un deuxième argument tombe. »
LBP. - Vous souhaitez donc une fermeture pure et simple ?
P. G. - « Non seulement nous voulons que cela ferme, mais nous voulons que le terrain soit remis en état comme il l'était auparavant. Ce n'est pas parce que l'on habite à la campagne que l'on doit
être méprisé. Dans tous les pays d'Europe il existe des solutions pour soit récupérer et retraiter les déchets, soit les stocker de manière différente. Dans tous les pays d'Europe, on a pris
conscience que les déchets se traitent différemment. Cela demande des investissements très importants : une usine pour 250 000 habitants. Cela se fait au niveau régional. »
LBP. - La gestion des déchets est du ressort du département ? Avez-vous pris contact avec le président du département pour évoquer la question ?
P. G. - « La France impose la départementalisation. J'en ai parlé avec François Sauvadet. Il ne peut que respecter la loi et l'esprit de la loi. Je regrette que nous soyons aussi en retard en
France par rapport aux autres pays européens (…) »
Propos recueillis par Francis ZIEGELMEYER
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Tribunal administratif - Vic-de-Chassenay : nouvel épisode en vue
Les différentes parties impliquées dans le débat du centre d'enfouissement des déchets de Vic-de-Chassenay et de Millery se reverront. Car l'affaire est loin de parvenir à son terme. En effet,
hier, le tribunal administratif de Dijon n'a guère statué quant à l'opportunité de l'exploitation des lieux. En réalité, il demande au nouveau préfet de région, Christian de Lavernée, de lui
indiquer, dans un délai d'un mois, les tonnages annuels programmés pour être enfouis et leur origine géographique. Par ailleurs, les juges ont désigné un expert, de manière à décrire l'état
géologique et hydrogéologique du site. Les expertises devront dire également le degré de perméabilité relatif à cette installation, préciser si des mesures compensatrices peuvent être proposées
pour assurer un bon niveau de protection et d'en décrire la nature.
« Une demie victoire »
Mais cet expert se voit encore dans l'obligation de souligner l'aptitude du sous-sol de la zone à constituer une barrière de sécurité passive capable d'assurer à long terme la prévention de la
pollution des sols, des eaux souterraines et de surface par les déchets et les lixiviats. Autrement dit, le tribunal administratif considère être confronté à un déficit d'éléments pour se prononcer
sur la requête déposée par les communes du secteur et plusieurs structures, dont l'association pour la sauvegarde du patrimoine de l'Auxois. Toutes ces entités souhaitent en effet voir annuler
l'arrêté préfectoral du 13 mars 2006, relatif aux travaux de l'installation classée et donc à son ouverture par Ecopole-services et la Coved. Richard Racine, le président de l'Association pour la
sauvegarde du patrimoine de l'Auxois, se dit satisfait.
Mais il cache sa joie. « C'est pour nous une demie victoire. Car si le tribunal ne se prononce pas encore sur l'arrêté préfectoral, il reconnaît que subsiste un doute sur la géologie du site. » En
attendant, notre homme s'interroge sur la motivation des juges à n'avoir pas suspendu l'exploitation de la décharge. Selon lui, une telle décision aurait été bien perçue, au regard du Grenelle de
l'environnement, de la loi sur l'eau et du principe de précaution. « C'est un peu comme pour une voiture dont les freins seraient déficients. On veut les expertiser, mais on laisse quand même le
véhicule circuler ! » s'amuse Me Elsa Sacksick, l'avocate parisienne de l'association. D'autant que la nouvelle étude requise par le tribunal nécessitera sans nul doute quelques mois
supplémentaires d'instruction.
18 points repoussés
Or le centre d'enfouissement est ouvert depuis le début de cette année. « Espérons que cet expert sera diligent » poursuit l'avocate. De son côté, Gilles Lassartesse, le directeur du projet de la
Coved, ne souhaite pas encore réagir sur le fond. Cependant, il note que les opposants de l'Auxois n'ont pas eu gain de cause sur une bonne quinzaine de points, dont le survol de l'endroit par des
avions, les eaux de ruissellement et le coup porté à l'image du fromage d'Epoisses.
Christophe MORINEAU-COOKS
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