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14 Décembre 2008
Une manifestation contre l'enfouissement des déchets nucléaires était organisée hier à Grand, qui ne veut pas devenir un « village radiotoxique ».
GRAND._ Grand, son site gallo-romain, ou Grand la poubelle nucléaire ? Environ 250 manifestants, habillés
chaudement, s'y étaient donné rendez-vous hier, au carrefour de trois départements, Vosges, Meuse, Haute-Marne. Des « habitants vigilants », mobilisés contre l'enfouissement de déchets
nucléaires, déchets dits « à faible activité et à vie longue » (FAVL). Afin d'accueillir un tel site, 25 à 30 communes seraient « candidates à la candidature » dans la région, parmi elles 3
seront choisies à la fin du mois.
De nombreux villages voisins étaient représentés pour dire « non à la poubelle nucléaire. »
Ces candidatures ont souvent été actées par les conseils municipaux, sans consultation directe des citoyens. « Nous n'en voulons pas », affirmaient hier les militants, « Ne pas enfouir, ni ici ni
ailleurs ». En Haute-Marne, la commune de Rimaucourt aurait déjà retiré sa candidature.
A Grand, se tenait hier à la « Couronne d'Or », le traditionnel repas des aînés, tous bien au chaud, près de la cheminée bien alimentée, autour d'une table avec une déco de Noël. Dehors, sur la
place des Halles, les manifestants bravaient un air cinglant et une température nettement plus fraîche. Tout autour du village, la campagne lorraine était joliment blanchie et givrée. «C'est
quand même un beau paysage qui va être détruit », se lamentait un militant.
« Pas des poubelles »
« On est des habitants », assure Chantal Bertaux, qui recevait « chez elle », à Grand, « Mettre une poubelle
nucléaire à côté des vestiges gallo-romains, c'est incompatible !», assure-t-elle. Devenue « village radiotoxique », la commune perdrait certainement de son attrait touristique. Une pancarte
imagine ainsi des barils toxiques en plein milieu de l'amphithéâtre, pour une « visite guidée gratuite ». A quelques kilomètres de la maison natale de Jeanne d'Arc, les manifestants veulent donc
bouter hors d'ici ces déchets que l'on ne saurait voir : « Nos villages ne sont pas des poubelles », « Soyons actifs avant d'être radioactifs », ont-ils clamé, avec tambours et banderoles, en
faisant le tour du village, avant de former un grand rond sur la place. Des villages voisins étaient représentés, Gondrecourt-le-Château, Doulaincourt, Soulosse, Vouthon, Juvaincourt,
Saint-Blin... Aouze, dont les habitants sont venus en fanfare et en force, revêtus de t-shirts blancs, mais aussi les «Vigilants de Tréveray », ceux de Bure bien sûr, dans la Meuse, des militants
de Langres, de Thionville, de l'Aube. Arrivés en retard, les Champenois ont aussitôt déployé de très longues banderoles : « Route du Champagne ou route des déchets nucléaires
».
« Un crime »
«Pensez à nos enfants», criaient une poignée de mômes amusés. «Nous voulons une consultation populaire »,
enchaînaient les adultes, interpellant le maire de Grand, Jean-Louis Mongin. Celui-ci a quitté le repas des aînés, pour venir au contact des manifestants, et assurer qu'en la matière « la
compétence n'est pas de la commune mais de l'Etat ».
«L'enfouissement des déchets nucléaires est un crime contre les générations futures, on ne laissera jamais faire, ni dans les Vosges, ni en Meuse, ni en Haute- Marne, ni ailleurs », assure la
représentante de « Sortir du nucléaire ». Auparavant, la manif était passée devant les containers du tri sélectif, « Papier, plastique, verre » ; peut-être faudra-t-il rajouter la mention «
déchets nucléaires ». « Du vin chaud pas irradié ! » réclamait un habitant d'Aouze, à la fin du cortège.
Patrick TARDIT – Est-Républicain – Lorraine - 14/12/2008