ACCID est une association loi 1901 qui a pour but de s'opposer à l'implantation d'un Centre de Stockage de Déchets Ultimes ou à tout autre type de décharge ou de stockages contrôlés
4 Février 2009
Ce devait être une solution d'avenir qui a longtemps patiné dans le présent,et nous a renvoyé tout droit dans le
passé. La thermolyse devait être la solution pour traiter le plus écologiquement possible les déchets ménagers, et ce ne fut au final qu'une énorme usine à ennuis.
Nelly Olin, alors ministre de l'Écologie,à Arthélyse en mars 2007.
Depuis vendredi, l'usine de traitement des déchets Arthélyse est définitivementarrêtée, mise en sécurité comme on dit. L'aventure de la thermolyse dans l'Arrageois s'arrête là sur un sentiment
amer de gâchis et avec un passif de 5 ME.
Des pannes à répétition consécutives à une mauvaise conception des tractations financières avec le concepteur-opérateur Thide environnement (qui a, depuis, déposé le bilan) pour récupérer l'usine
en gestion directe et une sentence financière qui tombe : économiquement,Arthélyse n'est pas viable. 100 % des déchets de la CUA, de la région de Bapaume, des communautés de communes de l'Artois
et du Val du Gy prennent depuis vendredi la direction de centres d'incinération et d'enfouissement.
« L'usine tournait de mieux en mieux, mais nous n'avons jamais pu passer à un volume de traitement supérieur à 15 000 tonnes par an au lieu des 40 000 nécessaires. Le coût arrivait à 300 E
la tonne, alors qu'il est de 90 E pour la mise en décharge ou de 100 à 120 E pour l'incinération, se désole le président du SMAV, Philippe Rapeneau. Le déficit d'exploitation pour 2008 est monté
à 2 M E. Il fallait prendre une décision. » Soit tenter de sauver l'usine, mais à condition de réinjecter 1,5 M E pour améliorer le process, ou mettre la clef sous la porte et arrêter les
dégâts, avant que la factures'envole.
La deuxième solution a été choisie. « Nous n'aurions jamais pu atteindre l'équilibre, et nous ne voulions pas faire payer les collectivités plus que ce qui était prévu en 2009, soit 130 E la
tonne. » Si le SMAV s'était entêté, la taxe d'enlèvement des ordures ménagères aurait bondi de 20 E par an et par foyer. Le bureau du syndicat a décidé de fermer. La conséquence est
financière : une ardoise de 5 M E,gommée grâce aux économies réalisées sur le coût de traitement des déchets quand Thide était à la manoeuvre,etl'usine pas
réceptionnée.
Et 5 M E de bâtiments qui seront finalement réutilisés pour un centre de dépôt des déchets professionnels et une plateforme pour les encombrants. Encore faut-il démanteler l'usine, vendre les
fours et autres sécheurs... La conséquence est aussi sociale. Entre huit et douze personnes seront licenciées sur les trente-deux, faute de solution de reclassement.
Malgré ce violent coup dans l'estomac, le président Rapeneau ne veut pas en rester là. « Évidemment,c'est une grosse déception. Je continue à penser que la thermolyse était une bonne
solution. Mais si nous avions eu à l'époque des concepteurs plus intéressés par les déchets que par l'énergie dégagée par l'usine, on n'en serait pas arrivés là. Au final, nous en avons subi les
conséquences, mais la continuité du service public de traitement des ordures ménagères est assurée. Et les collectivités ne paieront pas plus que ce qui était prévu. »
CÔTÉ FINANCES | |
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• > Combien a coûté l'usine ? La facture se monte à 25 M E, moins la subvention de l'ADEME de 5 M E pour la construction. Lors des négociations avec l'opérateur Thide environnement en 2007, le Syndicat mixte Artois valorisation (SMAV) a récupéré un chèque pour solde de tout compte de 10,5 M E puisque le syndicat n'avait pas encore réceptionné l'usine,et que Thide souhaitait se retirer (la société avait quand même perdu 20 M E). Restent 9,5 M E. Si on retire le coût du bâtiment qui pourra être réutilisé à d'autres fins, on arrive à 5 M E à la charge de la collectivité. Si vraiment on veut encore pousser plus loin les calculs - ce que fait Philippe Rapeneau pour expliquer que les dégâts sont limités -, il faut additionner les économies réalisées entre 2004 et 2007 sur le coût du traitement des déchets (entre 1,2 et 1,4 M E par an). Le SMAV ne le payait pas à sa juste valeur : soit une économie de 5 M E. Reste qu'il faudra démanteler l'usine (peut-être 1,5 M E) et réinvestir pour réaffecter le bâtiment. Sans parler de l'accompagnement des personnes qui seront licenciées. > • Et maintenant ? Les élus du SMAV ne veulent pas en rester là et vont réfléchir à des solutions pérennes. Ils se refusent pourtant à imaginer construire un incinérateur ou un centre d'enfouissement dans l'Arrageois. |