ACCID est une association loi 1901 qui a pour but de s'opposer à l'implantation d'un Centre de Stockage de Déchets Ultimes ou à tout autre type de décharge ou de stockages contrôlés
8 Février 2009
Communiqué des associations
VIVRE et SAUVONS NOTRE FUTUR, le 7/2/09.
Au cours du reportage de France 3 diffusé au soir de la manifestation organisée par
les associations VIVRE et SAUVONS NOTRE FUTUR le 6 février 2009 à Salaise devant l'entreprise GDE, un responsable de la DRIRE a fait pour le moins des déclarations
surprenantes.
Le reportage donne à entendre que selon la direction de GDE, "les fumées seraient filtrées …des informations confirmées par la DRIRE ».
C'est un mensonge de plus. Nous affirmons que les
fumées ne sont pas filtrées.
Dans le montage diffusé, le responsable Environnement de la DRIRE dit textuellement : "On fait régulièrement des contrôles inopinés des rejets, c'est à dire qu'on envoie des organismes agréés
pour vérifier … nous n'avons pas identifié de non-conformité." Bien que membres de la commission d'information de cet établissement, les associations n'ont pas eu communication de
l'existence de tels contrôles inopinés. Jusqu'à la dernière réunion de cette commission, les seules mesures de rejets réalisées étaient commanditées par l'exploitant en application de l'arrêté
préfectoral de juin 2007 obtenu par les associations.
Nous sommes dans l'attente d'une réponse concrète de l'administration face aux non-réponses de GDE aux demandes de la préfecture par courrier du 30 octobre
2008.
Nous attendons que l'on nous dise où sont enfouis les résidus toxiques de l'activité, les associations demandent aussi depuis longtemps la traçabilité de la réelle dépollution des véhicules avant
broyage.
Enfin, nous sommes toujours dans l'attente de réponses à nos trois demandes essentielles, pourtant simples : que les rejets de GDE soient canalisés, traités, mesurés, comme n'importe quelle
installation émettant des rejets polluants.
VIVRE a calculé, sur la base des déclarations de mesures en auto surveillance de l'exploitant, que pour la seule année 2007, GDE Salaise a rejeté plus de 16 tonnes de COV, en sortie d'une
cheminée qui ne capte qu'une partie des rejets et sans parler bien sûr de tous les autres polluants émis et non mesurés.
Ces rejets toxiques reconnus par l’exploitant sont principalement des hydrocarbures dont le rejet à l'atmosphère est dû à la non dépollution des véhicules avant broyage, pourtant
obligatoire.
L'étude d'impact fournie par GDE pour obtenir l'autorisation d'exploiter prétendait pourtant que les seuls rejets seraient des poussières et précise :" les émissions gazeuses ne sont
pas retenues compte tenu de l'absence d'installations de combustion et de l'absence d'utilisation de produits organiques volatils".
Or, 16 tonnes de gaz toxiques rejetés par an, ça fait quand même beaucoup pour une installation censée n'émettre que des poussières !
Si, dans ces conditions, la DRIRE estime qu'"il n'y a pas de non-conformité", alors les habitants des communes environnantes n'ont plus qu'à tenir
fermées portes et fenêtres !
Article de Libération.fr du 08/02/2009
Un broyeur de voitures soupçonné de polluer en Isère
Photo : Sébastien EROME
POLLUTION - Devant l'usine, le responsable de la sécurité se
prend pour une compagnie de CRS. Il bouscule une dame âgée, dévisage la centaine de manifestants. Il pleut des cordes, mais les riverains tiennent bon, interdisent aux camions l'accès de l'usine
Guy Dauphin environnement (GDE), qui recycle des métaux sur la zone industrielle de Salaise-sur-Sanne, en Isère. Les ouvriers s'impatientent. « Je travaille pour vous », dit l'un d'eux à
la foule. « Et nous, on bouffe ta merde », lui répond une dame. A Salaise, GDE exploite un broyeur très puissant, qui pulvérise voitures et électroménager, et participe à la pollution de
la région...
« Ils se sont installés en 2003, raconte Jean-Claude Girardin, de l'association locale Sauvons notre
futur. Très vite, il y a eu des plaintes des riverains et des industriels. On entendait des explosions, on voyait de drôles de fumées bleues. » Bien que se trouvant dans une zone déjà très polluée, dans le couloir de la chimie, au sud de Lyon, GDE focalise l'exaspération. Les associations pensent que les voitures
broyées ici sont mal dépolluées. Il resterait des pneus, des hydrocarbures, de l'huile, du liquides de frein ou de climatisation D'où les explosions, et de fréquents départs d'incendies.
« C'est un sujet compliqué car l'obligation de dépolluer revient aux fournisseurs des épaves, explique Thibaut Dauger, chef de la division environnement
à la Drire Rhône-Alpes. Il y aurait sans doute des contrôles à mener dans toute la filière. Après, chez le ferrailleur, il suffit de résidus d'essence, même en très faible quantité,
pour provoquer des explosions. »
En broyant très brutalement le métal, la machine fait monter ce dernier à plusieurs centaines de degrés. Ce qui incendie les fluides, et les plastiques contenus dans les voitures. D'où les
fumées, gavées de composés organo volatils. « C'est le process qui veut ça, répond Bruno Le Sech, secrétaire général du groupe GDE. Les fumées concernent tous les industriels du
coin. C'est impressionnant, mais c'est le milieu de l'industrie. » Les riverains ne se contentent pas du propos fataliste et légèrement daté. « D'après ses propres analyses, GDE a rejeté
en 2007 16 tonnes de composés organo volatils dans l'atmosphère, affirme Jean-Claude Girardin. Depuis, c'est l'opacité la plus totale. » Le secrétaire général du groupe répond qu'il
n'a « pas le chiffres précis à donner ». La cheminée de son broyeur est équipée d'un filtre, mais il retient les poussières, nettoie très peu les gaz. « De toute façon,
ajoute Monique Lépine, adjointe de Serrières, communes de l'Ardèche voisine, il suffit de le regarder fonctionner : la fumée sort de partout, rien n'est étanche. C'est un vrai four à ciel
ouvert. »
L'identité de l'un des actionnaire attise la méfiance des associations. Claude Dauphin, descendant du fondateur de l'entreprise et ancien PDG de GDE, siège au conseil d'aministration. Il est
aussi l'un des fondateurs du groupe Trafigura, qui avait affrêté le Probo Koala, navire qui a convoyé en Côte d'Ivoire les déchets toxiques vendus ensuite par une filiale de Trafigura à un
exploitant ivoirien qui les a déversés dans des décharges à ciel ouvert, tuant une dizaine de personne. Claude Dauphin a fait de la prison à Abidjan, avant que son groupe ne verse plus de 150
millions d'euros à la Côte d'Ivoire pour ésquiver les poursuites.
« Il n'est qu'un actionnaire de GDE », rappelle le secrétaire général du groupe, pour qui le débat autour de Salaise est « stérile ». Il explique : « Les associations ne veulent
pas de pollution ? mais c'est notre activité qui veut cela. On peut le regretter, être frustré, mais nous sommes dans les clous vis-à-vis de la réglementation ». La Drire confirme que ses
contrôles inopinés n'ont pas relevé de dépassements. L'exaspération progressant, la préfecture a cependant écrit à l'exploitant pour lui demander de canaliser ses rejets. Et d'informer la
population.
Olivier BERTRAND