ACCID est une association loi 1901 qui a pour but de s'opposer à l'implantation d'un Centre de Stockage de Déchets Ultimes ou à tout autre type de décharge ou de stockages contrôlés
8 Mai 2009
Déchets : les Alpes-Maritimes dans l'impasse
Avec la fermeture anticipée du site de la Glacière pour cause de saturation, les Alpes-Maritimes se retrouvent
dans une impasse pour l'élimination de ses déchets.
La fermeture de La Glacière qui traitait jusqu'à présent près de 300.000 tonnes de déchets par an plonge le département des Alpes-Maritimes dans l'impasse la plus totale en matière de gestion
des déchets. Eric Ciotti, le président du Conseil général, explique dans les colonnes des Echos que "nous ne sortirons de l'impasse que si chacun prend ses
responsabilités".
Il préconise alors plusieurs solutions d'urgence comme la réhabilitaion de l'incinération avec valorisation énergétique. Ainsi, les fermetures des incinérateurs d'Antbes et de Nice prévues pour
2015 et 2018 ne seraient donc plus d'actualité dans le nouveau plan d'élimination des déchets ménagers et assimilés, dont la révision devrait être achevée en octobre. Ils pourraient donc dans
un premier temps accueillir une partie des déchets destinés initialement à La Glacière. Le préfet a également décidé d'autoriser l'incinération de 125.000 tonnes de déchets dans les cimenteries
de la Vallée du Paillon.
Toutefois, la solution passera nécessairement par une meilleure valorisation des déchets, mais aussi par une réduction de la masse de déchets produits dans le département, 500kg par habitant et
par an, contre 360 de moyenne nationale.
Décharge de La Glacière, quel avenir pour les déchets à Cannes ? 07/05/2009 06:53 (Par Pierre MELQUIOT)
Décharge de La Glacière, quel avenir pour les déchets à
Cannes ? Le préfet des Alpes-Maritimes a annoncé que la décharge de la Glacière, située à Villeuneuve-Loubet, devait fermer ses portes d’ici quatre mois. Chantal Jouanno a reçu une délégation
d’élus du département des Alpes-Maritimes pour examiner l’avenir de l’exploitation de la décharge de La Glacière.
Chantal Jouanno a reçu le 6 mai 2009, à leur demande, une délégation d’élus du département des Alpes-Maritimes composée du député Lionnel Luca, du sénateur Louis Nègre et de Richard Camou,
maire de Villeneuve-Loubet, pour examiner l’avenir de l’exploitation de la décharge de La Glacière.
Rappelons que le préfet des Alpes-Maritimes a annoncé que la décharge de la Glacière, située à Villeuneuve-Loubet, pour résorber un problème de pollution, devait fermer ses portes d’ici quatre mois.
Si cette annonce a été bien accueillie par les associations de défense de l’environnement et par les riverains, en revanche, pour les chefs d’entreprise de la région de Cannes et de Grasse, l’annonce de la fermeture de la décharge de La Glacière pose le problème de l’élimination des déchets industriels mais aussi urbains.
Le préfet des Alpes-Maritimes, Francis Lamy, l'a confirmé hier soir, la Glacière doit fermer ses portes dans
quatre mois au plus tard. Cette annonce est une excellente nouvelle pour les riverains comme pour les associations de défense de l'environnement. Mais pour les chefs d'entreprise, et
spécialement pour ceux de la région de Cannes et de Grasse, la disparition anticipée de la décharge de Villeneuve-Loubet pose un véritable défi. Celui de l'élimination des
déchets.
Des déchets, le département en produit en quantité industrielle. 2,7 millions de tonnes chaque année, selon les services de l'État, dont 1,6 million pour les seules entreprises des A.-M. Avec
11,3 hectares en exploitation, la Glacière en recueillait 300 000 tonnes.
50 camions par jour
« Cette fermeture nous plonge dans une situation de crise », a prévenu hier après-midi Dominique Estève, le président de la chambre de commerce et d'industrie Nice Côte d'Azur. Ouvrant un
colloque consacré à cet épineux dossier, il voulait évoquer des responsabilités partagées : « Les acteurs des A.-M. ont la mémoire courte. Car nous avons connu le même cas il y a moins de
dix ans avec la fin de la déchetterie du Jas-de-Madame. Aujourd'hui, nous devons cesser de différer les solutions et de rejeter le problème chez nos voisins. ». C'est pourtant ce qu'il risque d'arriver.
Aucun site de substitution n'étant disponible, les Alpes-Maritimes devront probablement exporter 1 000 tonnes de déchets par jour - l'équivalent de 50 semi-remorques - vers le Var ou les
Bouches-du-Rhône. Soit une dépense évaluée à 12 millions d'euros sur l'ensemble de l'année.
La note explose
Selon le principe du « pollueur-payeur », la note sera salée pour les entreprises. Elles supportent déjà une augmentation exponentielle de la taxe générale sur les activités polluantes. Son
montant vient de passer de 8,21 à 13 e par tonne. Et ce n'est qu'un début, la TGAP devant atteindre 24 e en 2012 pour culminer à 32 e en 2015.
Dictée par le Grenelle de l'environnement et par l'obligation de valorisation des déchets, cette nouvelle donne
pose un problème majeur au département. Hier, le président du conseil général, Éric Ciotti, a fait part de sa solidarité au représentant de l'Etat.
Mais il a également souligné sa responsabilité dans le choix d'un nouveau site de stockage : « C'est le préfet qui détient le pouvoir ultime de l'imposer. Ce qui demande de la
détermination, peut-être même du courage. »
Franck Leclerc - Nice Matin - 17 avril 2009
Il ne sera, semble-t-il, pas tout seul à faire le déplaement. A l'issue de la réunion publique, Louisette
Chiapello annonçait que la coordination 7 Millions de déchets basta, appelle à un rassemblement à 16 heures devant la sous-préfecture de Grasse « pour demander encore la fermeture rapide du
site ».
Le député, Lionnel Luca, présent hier soir, annonçait, de son côté, qu'il se rendrait le 6 mai prochain à une réunion au ministère de l'Environnement, en présence d'Eric Ciotti, Louis Nègre,
Richard Camou et le préfet des Alpes-Maritimes.
Autres dommages à réparer : le site lui-même. Il en va encore de la responsabilité de l'exploitant. Cela
demandera, bien sûr, des investissements et du temps, des décennies...
Le maire de Villeneuve-Loubet affirme qu'il exigera que soient inscrits, dans l'arrêté de fermeture de la Glacière, l'évacuation du surplus de déchets, l'indemnisation financière et le
ceinturage sanitaire. Il promet vigilance et intransigeance.
Roselyne chomiki - Nice Matin - 10 avril 2009
« On est satisfait de voir que les revendications de toute une population ont été finalement entendues
» soutient, de son côté, Brigitte Gourmanel de l'association cagnoise ADHEC.
Soulagées mais toujours combatives. Les associations n'entendent pas relâcher la pression. « Il faut être vigilant », rappelle Serge Jover. « Il faut que la Glacière reste sous
surveillance, que les expertises continuent sur le milieu naturel » insiste Louisette Chiapello.
Richard Camou : « L'exploitant va payer »
Une demande relayée, hier soir, par le maire de Villeneuve-Loubet. « Croyez-moi, je ne vais pas lâcher l'exploitant. Il va payer pour ce qu'il nous a fait subir pendant toutes ces années.
Il faut maintenant surveiller tout ce qui peut sortir du site. Cette fermeture est décidée à temps, car sinon, c'est sûr, il y aurait eu des pollutions » assure Richard Camou. « Cet
exploitant ne mérite pas de porter le label d'exploitant, ni le label Veolia », s'emporte encore le maire. « Ici, on a mené une action juste ».
Thierry Suire Et Stéphanie Gasiglia - Nice Matin - 08 avril 2009
Sur le petit marché du mercredi au village, la nouvelle de la fermeture prochaine de la Glacière a été, hier, de
toutes les conversations.
Sur la place, dans les rues ou dans les magasins, les Villeneuvois commentaient tous une décision qualifiée « d'historique ». La veille, l'annonce de la fin de la décharge, avait déjà été fêtée
au champagne à la mairie tandis que journalistes et caméras se succédaient devant le bâtiment communal.
La fleuriste a été le témoin du soulagement des habitants : « Les gens nous en parlent sans arrêt. Tous pensent que c'est une bonne chose. Ils disent tous : « On en a assez soupé !
».
A côté, au tabac-presse le Narval, où toute la matinée les gens ont fait la queue, Marianne court d'un client à l'autre : « Ils sont contents, mais la question qui suit, c'est : " où ils
vont les mettre maintenant ces ordures ? " ». Pour elle, le petit problème du jour, c'est d'être réapprovisionnée en journaux. Ses exemplaires quotidiens ont été dévalisés. Le long des
étals du marché, les langues se délient, le coeur enfin léger. Tous disent leur joie de voir l'arrêt de cette montagne d'ordures, tous aussi ressassent ces années de « souffrance
».
« Ce tas d'ordures, une bombe à retardement »
Catherine espère : « La nappe phréatique va peut-être être sauvée parce que, pour moi, avant les odeurs, c'est le plus important. C'est la préservation de la vie. C'était vraiment coupable
d'héberger là les ordures de tout le voisinage. Je ne remercie pas le marquis ! »
Marcelle et Zizi, deux autres Villeneuvoises, sont partagées entre soulagement et incompréhension : « Depuis qu'on se battait ! On n'arrivait pas à comprendre. C'était un endroit naturel,
c'était formidable ! Ils ont tout gâché ! Et, c'est Cannes et Grasse qui nous envoient leurs déchets, les nôtres vont à Antibes ! Mais enfin, c'est fini... »
Encore révoltée, Marcelle ajoute : « Pourquoi devait-on subir ça ! Nous en avions marre de voir 22 communes
décharger leurs poubelles chez nous. Pourquoi pas chacun son tour ? Le jour où je suis montée là-haut, que j'ai vu l'horreur, je n'ai plus voulu boire l'eau d'ici. J'ai été dégoûtée !
»
Yvette, qui vit aux Espérès, a vécu toute l'histoire de cette décharge. Elle a vu le paysage abîmé : « Je suis vraiment très heureuse. J'ai vu pousser une montagne sur une vallée et pas une
belle montagne ! Nous n'aurons plus ce spectacle devant nos fenêtres. Nous n'aurons plus les odeurs ni les camions ! J'espère qu'ils vont enlever les mètres en trop ! Mais il a fallu en faire
des pétitions, des réunions. On allait tout boucler, c'était prévu ! ».
Malgré le soulagement, une sourde inquiétude demeure. Tous tiennent ce même discours : « Je souffle, mais pas complètement. On ne sait pas ce que ça va devenir ! »
Monique confie : « Nos craintes demeurent. Ce tas d'ordures, c'est une bombe à retardement. Est-ce que les membranes tiendront ? Qu'est-ce qui prouve que tout cela ne va pas bouger ? Il va falloir surveiller tout ça pendant longtemps encore... »
« Le relevé effectué le 16 mars, in situ, révèle un dépassement de 15,86 mètres ».
Dans une autre de ses conclusions, l'expert estime l'excédent de stockage « à plus de 320 000
m3 ».
Un excédent équivalent à une année de stockage
« Nous comprenons les réactions des populations subissant les nuisances visuelles, olfactives et environnementales provoquées par ce dépassement équivalent à plus d'une année d'entreposage de
déchets » écrit encore le commissaire enquêteur, justifiant l'exaspération des riverains qui ne cessait de croître ces derniers mois. Pour le scientifique, « la ligne de crête étant
largement dépassée, la colline ne joue plus son rôle d'obstacles aux odeurs, poussières, fumées émanant de l'immense monticule constitué dans le vallon de la Glacière ». Une observation
maintes fois formulée par les associations de défense de l'environnement.
S'appuyant sur ses estimations, l'expert engage implicitement les autorités à ordonner la fermeture du centre d'enfouissement de Villeneuve-Loubet. « Si la fin de la décharge est bien
prévue courant 2010, en réalité elle est saturée dès aujourd'hui par le dépassement volumétrique constaté (...). » Il demande donc le transfert de l'excédent vers l'espace en cours
d'exploitation. « Cette translation permettrait (...) de combler la dernière alvéole prévue, en respectant les volumes prescrits dans l'arrêté » préfectoral. Autant dire : la Glacière
ne doit plus accueillir de déchets supplémentaires.
Et l'expert de demander, en conclusion, une mise en oeuvre rapide de ses prescriptions. « Il devient donc urgent de remédier à cet état de fait au plus tôt
».
Thierry Suire - Nice MATIN - 09 avril 2009