ACCID est une association loi 1901 qui a pour but de s'opposer à l'implantation d'un Centre de Stockage de Déchets Ultimes ou à tout autre type de décharge ou de stockages contrôlés
21 Mai 2009
Voila neuf ans que Nathalie et sa famille se sont installées à Hennecourt. Depuis le 1er janvier dernier, tout
le monde vit au rythme du tri sélectif. Et il a bien fallu s'y faire…
Depuis sa petite cuisine au cœur du village d'Hennecourt, Nathalie jette un œil sur les enfants qui jouent à l'avant de la maison. Le printemps
est arrivé. Et avec lui son lot de nouveaux produits dans les rayons des supermarchés. Des produits de consommation courante que cette mère de famille de trois enfants a appris à considérer
autrement.
Les yaourts, elle ne les achète
plus. Elle les fabrique. Les pâtes ? Idem… Comme si la petite famille avait fait un bond de plusieurs dizaines d'années en arrière. " Mais en fait, je n'ai pas le choix. Si je ne
veux pas payer la pesée embarquée, il ne faut pas que je sorte de poubelles. Alors je trie. Je trie tout. Et ce qui ne se recycle pas, je ne le prends
pas."
Six couches par jour…
Pas facile néanmoins pour cette assistante maternelle qui garde régulièrement trois petits loupiots… Et évidemment, les bébés, ça consomme… des
couches. Six par jour en moyenne. " Quand la pesée embarquée a été mise en place au 1er janvier, cela a été la grande question. Du
coup, j'ai prévenu les parents. Ils repartent avec les couches sales le soir."
En face, Nadine écoute avec attention. Elle aussi a dû passer à la pesée embarquée. Elle vit à Dompaire avec son fils et son mari, militaire.
Et la question des changes ne manque pas d'éveiller sa curiosité.
"L'ancienne nounou de mon fils, mettait ses couches dans
le bac qui est prélevé tous les lundis. Mais avec la pesée embarquée, ça va lui être préjudiciable. Mais vous savez, j'en
connais plein qui ne s'enquiquinent pas avec ce genre de considération. Les couches sales, ils les jettent dans les inserts."
Si les deux femmes reconnaissent volontiers l'effet bénéfique que la pesée embarquée a eu sur le tri de leurs
poubelles, elles redoutent néanmoins une chose : la facture. Surtout pour Nadine " C'est sûr qu'on attend tous la facture. J'ai fait l'effort de trier, j'espère que
ce sera répercuté sur la facture."
Et Nathalie d'enchaîner : "A l'époque où on mettait ce qu'on voulait dans nos poubelles, je payais 300 euros à l'année. Mais il y a des
gens qui triaient derrière. Cela me dérangeait moins et ça créait quand même de l'emploi."
Globalement, les habitants du village ont modifié leurs
habitudes, multipliant les bacs au fond de la cuisine ou au bout du garage.
"Il y a des abus partout"
"C'est certain que c'est plus contraignant. Les gens ne sont pas fous, ils essayent de limiter les pesées pour limiter la facture de fin
d'année." Nadine parle aussi en connaissance de cause, elle qui a travaillé en Allemagne dans un centre de tri.
"Ils trient beaucoup plus que nous. Même les pots de yaourts qu'on n'a pas le droit de mettre dans les sacs ici, ils les prennent outre
Rhin. "
Du coup, certains pots de yaourts finissent, sur plusieurs sites, au fond des jardins, dans le grand feu de joie. "Mais bien sûr qu'il y en
a qui brûlent au fond du jardin. Ce serait mentir que de dire le contraire. Il y a des abus partout. Comme il y en a qui remplissent la poubelle du voisin avec leurs propres ordures." Mais
que faire sinon cadenasser ses poubelles et faire confiance avant d'attendre les premières retombées effectives d'un système précurseur dans le département.
Adeline ASPER
Vosges Matin - 21/05/2009
L'Alsace en précurseur
Les communes de la Porte d'Alsace, dont Manspach dans le Haut-Rhin, ont déjà adopté le système de "pesée embarquée" des déchets, comme l'évoque le volet "déchets" du Grenelle de l'Environnement. Et, depuis 1999, date de sa mise en place, la commune est passée de 400 kilos de déchets par an et par habitant, à 96 kilos.