L'ANDRA précise sa ZIRA (Zone
d’Intérêt pour la Reconnaissance Approfondie)
Meuse : la zone d'enfouissement des déchets nucléaires se précise
Bien que l’information fût attendue pour cette fin d’année, elle est restée
discrète. C’est le Comité de haut niveau, grand maître à penser du suivi du laboratoire de Bure, qui en a eu la primeure.
La zone d’intérêt pour la reconnaissance approfondie (Zira) a été proposée par l’Agence nationale chargée de la gestion des déchets radioactifs (Andra). Elle dessine sur la carte un petit
polygone de 15 km2 à cheval sur quatre communes : Mandres-en-Barrois, Bonnet, Ribeaucourt et Bure.

Ce choix aux allures de pétard mouillé n’est pas une surprise. Ce secteur boisé, situé à
l’intérieur du périmètre délimité par la zone dite de transposition (200 km2), était la cible privilégiée pour accueillir dans son sous-sol argileux la poubelle nucléaire.
On peut même ajouter, sans trop anticiper, que l’entrée du plan incliné (descenderie) qui permettra d’accéder aux galeries souterraines, devrait se situer du côté haut-marnais, vers Saudron.
Alors que l’Andra n’a pas encore, loin s’en faut, terminé ses études sur la faisabilité d’un stockage géologique, ce choix apparaît dicté par le calendrier.


La validation de la Zira par le gouvernement devait en effet intervenir fin 2009 (loi de juin
2006). Elle sera repoussée de quelques semaines car trois instances doivent formuler leur avis : le Comité local d’information et de suivi (Clis) qui se réunira en janvier, l’Autorité de sûreté
nucléaire et la Commission nationale d’évaluation (CNE).
Or, dans son troisième rapport publié en juin dernier, la CNE a émis de sérieuses réserves sur l’état des recherches : manque de données d’ingénierie minière, imprécisions sur les prévisions de
sûreté et de réversibilité, modélisations insuffisantes des impacts thermiques, chimiques et mécaniques d’un stockage, incertitudes sur le conditionnement des déchets (colis), absence de coût
réel...

Les avis n’étant que consultatifs, le gouvernement peut vouloir avaliser la Zira pour ne pas perdre de temps. Deux années de
reconnaissance approfondie de cette zone sont prévues avant que l’Andra ne localise en 2012 le lieu de stockage.
Débat public, puis vote du Parlement en 2015 sur les conditions de la réversibilité (actuellement au moins 100 ans) seront les préalables à la signature du décret gouvernemental autorisant la
construction du site d’enfouissement.
Gérard BONNEAU
Est-Républicain
11/12/2009
Mais BONNET dit
"NON"
MEUSE - Le fait du jour
Bonnet dit non
Elles ne sont donc plus que quatre. Quatre communes dont le sous-sol est susceptible d'accueillir le centre de stockage de déchets hautement radioactifs. La zone d'intérêt pour la reconnaissance
approfondie (Zira) proposée par l'Agence nationale chargée de la gestion des déchets radioactifs (Andra) se limite désormais à 15 km2 à cheval sur le territoire de Mandres- en-Barrois, Bonnet,
Ribeaucourt et Bure.
Or, moins de dix jours après la présentation de cette Zira, le conseil municipal de Bonnet s'est prononcé contre l'enfouissement sous ses terres, le 18 novembre dernier. Depuis, le maire était
resté discret sur cette prise de position. Pris de court par le collectif BureStop qui s'en réjouit publiquement, Jean-Pierre Remmele assume néanmoins et reconnaît que son conseil est unanime
pour dire « Niet ». Au lendemain de la réunion du conseil d'administration du Comité local d'information et de suivi et à la veille de la réunion du Groupement d'intérêt chargé de gérer les fonds
d'accompagnement du laboratoire de Bure, il redoute simplement que l'information soit mal interprétée.
À Bonnet, comme dans les trois autres villages, les habitants attendent toujours les réunions publiques promises par l'Andra le mois dernier sans que naisse l'embryon d'une mobilisation commune.
En début de semaine, le maire de Ribeaucourt s'est dit favorable à une consultation populaire. Pour le reste, alors que l'étau se resserre autour de ce petit bout de Meuse, les 540 habitants
directement concernés semblent assister aux événements avec fatalisme.
B. B. (Baptiste BIZE)
Nucléaire : la bombe de
Bonnet
Le conseil municipal a approuvé, mercredi soir, une délibération qui confirme son opposition à l'enfouissement des déchets nucléaires dans le sous-sol
communal. Le texte de la délibération a été rédigé en deux minutes sur un coin de table à l'instant de passer au vote, mercredi soir : « Suite à la présentation de la ZIRA 5 le 18
novembre ayant donné lieu à un avis défavorable, le conseil municipal de Bonnet, par principe de précaution, refuse l'enfouissement des déchets nucléaires MA-VL et HA-VL dans le sous-sol de la
commune ».
Peu importent les mots. Pour le maire de Bonnet, seul le résultat compte. Or, avec six voix pour, trois contre, un
vote nul et un bulletin blanc, Jean-Pierre Remmelé tient son vote en bonne et due forme. Un message envoyé au gouvernement à qui l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs a
soumis une proposition de zone de 30 km2 dite « d'intérêt pour la recherche approfondie » sur le territoire des communes de Bonnet, Bure, Ribeaucourt et Mandres-en-Barrois, entre
Gondrecourt-le-Château et Montiers-sur-Saulx.
Le 18 novembre dernier, quand le maire avait demandé à ses conseillers municipaux s'ils étaient prêts à le suivre,
aucun n'avait manifesté d'hésitation. Emmenés par José Diemoz, cinq conseillers se sont depuis désolidarisés. Ils ont aussi été reçus en comité restreint par l'Andra. Mercredi soir, le vote de la
délibération qui n'aurait pu être qu'une formalité a donc donné lieu à un vif débat pendant une heure.
Pas toujours à la hauteur des enjeux. José Diemoz et ses amis veulent que la commune refuse l'argent de la filière
nucléaire et consulte les habitants même en dehors du cadre légal. Ils accusent l'Andra d'avoir « tout acheté » et font remarquer qu'ils sont « contents d'avoir de la lumière ». Ils ne sont en
fin de compte ni pour ni contre le stockage souterrain des déchets radioactifs ; simplement contre le maire.
« De toute façon, c'est pas parce que Bonnet est contre qu'on va changer la face du monde », estiment les
opposants en croyant utile de préciser qu'ils n'ont « rien touché de l'Andra ». « Vous manquez un peu de recul mes amis ! », s'agace Jean-Pierre Remmelé qui voit au contraire dans le vote de sa
commune le début d'un grand mouvement d'opposition. « C'est la première fois depuis 1994 qu'un conseil municipal a l'occasion de se prononcer sur l'enfouissement des déchets radioactifs... Quand
le gouvernement aura fait son choix, il sera trop tard, ce ne sera plus la peine de la ramener. »
« Précaution ». Le maire qui soutient la pétition lancée dans le village pour demander l'organisation d'un
référendum local ne désespère pas de parvenir à empêcher le stockage souterrain des déchets radioactifs. « Jusqu'à présent, on ne peut pas dire que la filière nucléaire a toujours été exemplaire
en France », insiste-t-il. « Face à la situation actuelle des déchets, c'est le principe de précaution qui doit être retenu. » « Notre délibération peut faire boule-de-neige », estime son
adjointe. Une manière optimiste de reconnaître que la décision du conseil municipal de Bonnet, à elle seule, n'empêchera pas l'Etat de passer.
L'Est Républicain - Vendredi 22 janvier 2010 - Baptiste BIZE
Documents :
Propositions ANDRA ZIRA 09/11/2009
Propositions ANDRA ZIRA 091109
Proposition ANDRA ZIRA 18/11/2009
Propositions ANDRA ZIRA 181109
Avis ASN (Autorité Sureté Nucléaire) du 05 janvier 2010
avis ASN 05 01 2010
Avis IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) du 22 décembre 2009
Avis IRSN ZIRA 22122009
Communique du CLIS du laboratoire de Bure du 27 décembre 2009
CLIS - communique du 27-12-09