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4 Septembre 2009
La méthanisation : le
gouvernement entre enthousiasme et prudence
Actu-Environnement.com - 04/09/2009
Lors de la visite d'une unité de méthanisation, la
secrétaire d'Etat à l'Ecologie a souligné l'intérêt de cette technologie mais a également fait preuve de prudence : de nombreux progrès restent à réaliser avant de déployer ce type de
système.
La méthanisation a une belle voix de progrès, a déclaré la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno, le 2 septembre, lors de la visite d'une usine de méthanisation à Varennes-Jarcy
(Essonne). Cette technologie a un avenir mais il ne faut pas dire que c'est La solution au traitement des déchets, c'est une solution complémentaire avec d'autres solutions. Gardons nous bien des
effets de mode ! Avançons avec prudence. C'est par l'expérimentation que nous progresserons. Toutes les solutions doivent être développées, parce qu'on a un vrai problème avec les déchets en
France. Le Grenelle de l'environnement a hiérarchisé les priorités : la prévention, le tri, la valorisation [matière] et enfin le traitement.
La méthanisation, qui permet de produire du compost et du biogaz à partir de déchets organiques, est peu exploitée en France. Six usines existent actuellement, qui permettraient de traiter 1 %
des déchets ménagers. Trois autres unités sont en projet. La méthanisation est en phase de développement, a précisé la secrétaire d'Etat. Cette solution reste insuffisamment exploitée en
France.
La raison ? Efficacité des installations, rentabilité… De larges progrès restent à faire pour que cette technologie soit réellement intéressante.
Une double valorisation des déchets
Si cette technologie suscite autant l'intérêt aujourd'hui, c'est qu'elle permet une double valorisation des déchets organiques issus de l'agriculture, de l'industrie, des ménages ou encore des
boues urbaines. La méthanisation aboutit en effet à la production d'un digestat (produit humide riche en matière organique), qui peut être transformé en compost après une phase de maturation.
Elle permet également de produire du biogaz, composé principalement de méthane (50% à 70%) et de gaz carbonique. Le biogaz peut être utilisé sous différentes formes : combustion pour la
production d'électricité et de chaleur ou production de carburant. La méthanisation permet ainsi de réduire la quantité de déchets à traiter par d'autres filières.
L'usine de Varennes-Jarcy traite par exemple 65.000 tonnes de déchets par an, permettant de produire 32.000 tonnes de compost, utilisé dans l'agriculture (8 exploitations), ainsi que 2,8 millions
de m3 de biogaz, qui permettent de produire 4.455 MWh. Selon les exploitants de cette usine, le coût de traitement par méthanisation reviendrait à 76 € la tonne de déchets, contre 150 € pour
l'incinération.
Une technologie à affiner
Néanmoins, cette technologie doit progresser et être évaluée avant d'être tout à fait efficiente. L'intégration d'unités de méthanisation dans leur environnement est primordiale. En effet, des
débouchés doivent exister à proximité pour écouler la matière organique et l'énergie produites à moindre coût.
La qualité du compost ou du biogaz issus de la méthanisation pose également question aujourd'hui. En effet, la qualité du compost produit dépend de la nature des déchets traités mais aussi de la
qualité du tri. Concernant le biogaz, les pouvoirs publics souhaitent s'assurer que l'injection de biogaz épuré dans le réseau de gaz de ville ne présente pas de risque pour la population et
l'environnement avant de le pratiquer. La valorisation en carburant fait aujourd'hui l'objet d'une expérimentation à Lille Sequedin afin d'évaluer les aspects environnementaux de cette filière et
les difficultés de mise en œuvre qu'elles soient d'ordre technique, économique, juridique.
Une technologie à soutenir ?
Les acteurs de la filière souhaitent un engagement plus fort des pouvoirs publics. Ils réclament une aide à l'investissement, une obligation d'achat du biogaz, l'injection du gaz épuré dans le
réseau et une exonération de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP).
La valorisation de la biomasse constitue l'un des objectifs du Grenelle de l'environnement en matière d'énergie. Une rubrique spécifique relative à la méthanisation est prévue dans le décret sur
les installations classées, répond Chantal Jouanno. Quant à l'aide à l'investissement, il existe déjà le fonds chaleur renouvelable et l'obligation d'achat de l'électricité. Nous sommes ouverts à
une concertation sur la question d'un tarif de rachat du biogaz. Concernant la TGAP, la méthanisation elle-même est exonérée. Et dans le contexte actuel, il s'agit davantage de stabiliser le
système existant plutôt que de le réviser.
Pour la secrétaire d'Etat, si la technologie présente de nombreux intérêts, il s'agit avant tout d'étudier les différentes expériences en cours avant de foncer tête baissée dans le déploiement à
grande échelle de la méthanisation.
S.FABREGAT
http://www.metheor.org/index.html