Le 11 décembre, il sera trop tard. Deux mois après la signature d'un compromis entre un agriculteur du village, Michel Auberson, et la société Villers Services, aucun recours ne sera possible
pour s'opposer au rachat de cette ferme de Robécourt qui se retrouve au cœur d'une controverse.
Pris de cours, le conseil municipal de la commune du canton de Lamarche s'est réuni vendredi pour manifester son opposition à la transaction et dire publiquement sa colère. Les élus ne supportent
pas de voir une ferme du village devenir la propriété d'un groupe industriel. Surtout quand la société en question prévoit de créer un centre d'enfouissement de déchets, à deux pas de là, sur les
132 ha du lieu-dit La Fennecière. Et quand, dans le même temps, un jeune agriculteur du village qui souhaitait s'installer, Mathias Freï, doit renoncer à cause des prix pratiqués par le
vendeur.
Le conseil municipal de Robécourt n'hésite pas à dénoncer une
«surenchère importante». Pour les élus, Villers Services qui prévoit de loger le gardien de sa future décharge dans la ferme
Auberson a fait flamber les prix: «Ils sont plus de trois fois supérieurs à ceux pratiqués dans le secteur!», s'indigne la maire, Régine Thomas.
La commune en appelle donc à la société d'aménagement foncier et d'établissement rural des Vosges (Safer) pour qu'elle préempte tout en demandant la révision du prix de vente (579.000 euros hors
taxes et frais de notaire). «Nous demandons solennellement au préfet de préempter ce bien et à la Safer de remplir sa mission de protection des agriculteurs comme le prévoient ses statuts»,
écrivent les élus dans un communiqué daté d'hier.
«Bien surestimé»
Or, le préfet n'a pas d'autorité particulière sur la Safer. «La Safer ne peut pas non plus préempter si personne ne s'engage à acheter ensuite», explique son directeur régional, Raymond
Muller. «Si le jeune agriculteur souhaite la préemption avec révision de prix, il faut d'abord qu'il en fasse la demande. Ensuite, il faudra prouver que le bien a été surestimé.»
À Robécourt, la maire se désespère. Les courriers adressés au préfet et au directeur de la Safer devraient partir ce matin. «On refuse de voir une ferme du village disparaître quand un jeune
agriculteur pourrait la faire vivre», insiste Régine Thomas. Et quand bien même ce combat devait être perdu, l'élue ne désarmerait pas. Si le projet de décharge ne va pas à son terme, la société
qui le porte n'aura en effet pas besoin de loger son gardien...