Interview donnée par M. GREMILLET au salon de l'Agriculture. L'Association ACCID a
toujours soutenue le développement d'une vraie politique de l'herbe. Raison de plus pour sauver les 150 / 200 hectares de prairies achetées par l'entreprise Villers Service à Robécourt pour
y implanter une montage de déchets. Politique de l'herbe ou CSDU, il faut choisir !! Pour notre Ouest Vosgien, les deux sont incompatibles.
Dépréciée et pourtant indispensable et écologique, la culture herbagère doit, pour le Vosgien Daniel Grémillet, bénéficier des concours européens à la production.

D. Grémillet : « La fonction économique de la production herbagère doit être reconnue par l'UE ».
Photo Denis MOUSTY
PARIS. Daniel Grémillet est président de la Chambre d'agriculture des Vosges, président de la fromagerie Ermitage à Bulgnéville et vice-président national de l'Assemblée permanente des chambres
d'agriculture, chargé de l'élevage.
Il est ''LE'' spécialiste français de l'herbe.
- D'abord un mot sur la crise de l'élevage ?
- Les éleveurs sont dans une situation difficile avec des cours bas et des coûts d'aliments élevés. Ceux qui le peuvent sont tentés
d'abandonner la viande et le lait au profit de la production végétale. Pour les faire changer d'avis, il faut revoir la prise en compte des productions herbagères au sein de la PAC. Aujourd'hui,
la fonction économique de l'herbe n'est pas reconnue et ne peut bénéficier des concours européens à la production.
- Cela signifie-t-il que si vous nourrissez vos animaux avec du maïs ou des céréales, votre méthode d'alimentation est reconnue et
pas si vous les alimentez avec de l'herbe ?
- C'est ça. Les seuls accompagnements financiers de la production herbagère sont les mesures agro-environnementales mais elles
apportent des contraintes qui défavorisent l'éleveur pour vendre ses produits sur le marché.
- Alors que faire ?
- Il faut d'abord qu'un choix national montre la voie à Bruxelles. Cela passe entre autres par une reconnaissance de la terre comme
le support de toutes les activités agricoles, y compris la production herbagère.
Trois défis pour le futur
- Quels sont les défis actuels à relever ?
- Il y en a trois. D'abord, l'agriculture doit continuer à remplir sa fonction nourricière de la population. Cela a bien réussi en
Europe puisqu'on est passé de 30% à 18% pour la part des revenus des ménages consacrée à l'alimentation. Mais il faut aussi nourrir toute la population de la planète. Or le monde n'a jamais
disposé de si peu de stocks alimentaires, au moment où des pays et des continents comme l'Inde et l'Asie achètent de si gros volumes que cela provoque une augmentation des prix.
- Et les autres défis ?
- Les agriculteurs doivent répondre aux demandes de la société concernant l'énergie et ce défi a besoin de surface pour être relevé.
Enfin, la terre est un bien rare et, à cause notamment de la pression urbaine, il en disparaît davantage chaque année dans le monde qu'il ne s'en crée. Sachant que les
terres agricoles diminuent, alors qu'il en faudrait de plus en plus pour la nourriture et l'énergie, quelles solutions nouvelles imaginer ?
- Une conclusion sur l'herbe qui intéresse 3.500 éleveurs vosgiens ?
- Il faut que l'agriculture continue, comme elle le fait depuis des décennies, d'améliorer les conditions de
ses activités d'un point de vue environnemental. Il ne faut pas oublier que l'herbe, élément de richesse et de biodiversité, joue à la fois un rôle économique - en prairie, séchée ou ensilée - et
écologique important dans la variété des paysages, les ressources en eau et l'environnement en général, cela grâce à la présence des racines en permanence qui évitent
l'érosion.
Propos recueillis par G. C.
Est-Républicain - 02/03/2008