Coup dur pour la Meurthe

Selon la fédération départementale de pêche, « la faune piscicole est ravagée sur deux kilomètres et demi » en aval d'Anould. Une enquête est en cours.

Suite à la pollution de la Meurthe, à Anould le 16 juin, et par mesure de précaution, l'Aappma (NDLR : Association agrée de pêche et de protection du milieu aquatique) de la Haute-Meurthe conseille de ne pas consommer, pour le moment, de poissons provenant de la rivière en aval du pont de la papeterie. »

La recommandation est signée du vice-président de l'association, M. Pierre, et d'un de ses membres, le conseiller général Jean Claude. Celui-ci, très présent sur les bords de Meurthe depuis lundi, peste contre tous ceux qui voudraient minimiser l'événement : « C'est une pollution majeure, tout est mort. C'est quelque chose de grave. En quinze-vingt ans, la qualité de l'eau de la rivière était pourtant allée en s'améliorant. »

C'est à 10 h, lundi, qu'un pêcheur a repéré des poissons morts et constaté la pollution. D'autres témoins évoquent « des produits rougeâtres qui faisaient de la mousse ». Mais ce n'est qu'en fin d'après-midi que les pompiers et gendarmes ont été alertés.

Une dizaine de soldats du feus, dotés du véhicule antipollution de Saint-Dié, se sont rendus sur les lieux, aux côtés du commandant Gérard Lamaix, patron du groupement. « Nous avons effectué des reconnaissances et procédé à des relevés d'acidité de l'eau », explique l'officier, de retour sur le terrain, lui aussi, les jours suivants.

Côté gendarmerie, le lieutenant Thierry Lefebvre signale que les militaires de la communauté de brigades de Saint-Dié « n'ont pas constaté de pollution ». L'adjoint au commandant de la compagnie de Saint-Dié évoque des prélèvements effectués lundi en fin d'après-midi, avec le résultat suivant, communiqué hier : « Il n'a pas été relevé de PH inquiétant ». Le laps de temps entre le démarrage de la pollution de la rivière et les prélèvements explique sans doute cette absence de constat de pollution.

Les yeux braqués sur Le Souche

Seuls les poissons retrouvés morts - de 30 à 500 kg, selon les versions - témoignent donc d'un indéniable accident. « Sur deux kilomètres et demi, la faune piscicole est ravagée. C'est un gros coup dur pour la Meurthe. Il y a des chabots en pagaille et de la belle truite, des poissons nobles, qui sont morts », tempête le directeur de la fédération départementale de pêche, Christophe Hazemann. Il a déposé plainte contre X, au nom de l'Aappma de la Haute-Meurthe, qui a confié ses intérêts à la fédération. Une autre association, le Club Vosges-Mouche, a effectué la même démarche.

Pour Christophe Hazemann, « l'important, aujourd'hui, c'est que ça ne se reproduise pas. Il faut donc vraiment définir l'origine de cette pollution ». Officiellement, hier soir, la réponse est : pollution d'origine indéterminée. Tous les yeux n'en sont pas moins aujourd'hui braqués sur la papeterie du Souche, la Meurthe traversant le site industriel. Et tout le monde s'accorde pour constater qu'en amont de sa station d'épuration, « tout est normal ». Et qu'en aval, « tout est mort ». Ceci ne fait pas de la papeterie un coupable. Cela n'interdit pas non plus les soupçons.

Le directeur général, Guillaume de Vogué, ne se veut pas brutalement affirmatif : « A ma connaissance, et sous réserve d'une enquête plus approfondie, ça ne vient pas de chez nous. » La gendarmerie confirme, signalant que l'enquête révèle une absence de dysfonctionnement de la station d'épuration.

Est-Républicain - 20/06/2008