ACCID est une association loi 1901 qui a pour but de s'opposer à l'implantation d'un Centre de Stockage de Déchets Ultimes ou à tout autre type de décharge ou de stockages contrôlés
18 Novembre 2008
La Drire (Direction régionale, industrie, recherche, environnement) enquête sur un stockage suspect au-dessus de la nappe phréatique de Falaise.
Étrange affaire que celle de la brocante de Versainville à deux pas de Falaise dans le Calvados. 40 000 tonnes de
résidus de broyage automobile toxiques auraient été stockées en 2002 par la société Guy Dauphin Environnement (GDE) de Rocquancourt au sud de Caen.
Vue aérienne de la brocante de Versainville. Les déchets toxiques auraient été stockés sous les parkings. Photo : DR
À l'époque, Yvan Gautier, propriétaire des lieux, souhaite combler un trou d'une centaine de mètres sur 7 mètres de profondeur. « Quand GDE m'a proposé d'y mettre des gravats en me payant 2 € la
tonne, j'ai évidemment accepté », explique Yvan Gautier. L'opération va durer pendant cinq mois à raison de plusieurs dizaines de camions par jour.
« On m'a toujours parlé de gravats », insiste Yvan Gautier. « C'est René Hamel, un écologiste, qui m'a averti voici quelques mois. Il m'a dit que ces « gravats » utilisés pour remblayer mon
parking étaient dangereux pour la nappe phréatique. »
René Hamel de l'Observatoire régional de l'écologie, de l'environnement et de l'aménagement du territoire, association écologiste, n'a aucun doute. « Ce sont bien des résidus de broyage
automobile, qui ont été enfouis », affirme-t-il après avoir extrait des plastiques et autres caoutchouc.
Le propriétaire de la brocante interpelle alors GDE pour connaître le fin mot de l'histoire. « La discussion fut courte. Un mois plus tard, une société d'investisseurs suisses a acheté ma
brocante. Je n'ai pas pu négocier le prix ni obtenir un bail précaire de deux ans pour déménager mon activité. » Il doit avoir vidé les lieux en février sous peine de verser une astreinte par
jour de présence supplémentaire.
La Drire sur place jeudi
René Hamel soupçonne que 1 500 tonnes de ces mêmes déchets ont été déposés dans les mines de Soumont-Saint-Quentin à quelques kilomètres de là. La Drire, « prend ces informations au sérieux »,
indique Alain Schmitt, directeur régional. « Une première vérification administrative de Soumont (site de stockage autorisé pour des déchets inertes) ne révèle rien d'anormal. Toutefois, compte
tenu des informations qui nous ont été fournies, nous n'allons pas en rester là. »
Concernant la brocante de Versainville en revanche, « ce site n'a pas d'existence administrative », explique Alain Schmitt. « Nous allons mener des investigations sur place. » Une première
réunion est prévue jeudi. Contactée à plusieurs reprises hier, la société GDE n'a pas donné suite à nos demandes d'explications.
Une clarification est pourtant nécessaire. Si les déchets sont réellement toxiques, ils pourraient contaminer la nappe phréatique qui alimente Falaise.
Ouest-France - Jean-Pierre BUISSON – 18/11/2008