ACCID est une association loi 1901 qui a pour but de s'opposer à l'implantation d'un Centre de Stockage de Déchets Ultimes ou à tout autre type de décharge ou de stockages contrôlés
4 Décembre 2008
Le maire de Bayecourt s'alarme des bruits, jamais démentis, sur la création d'un
centre d'enfouissement à Villoncourt : « Une fois le volcan en action, il sera trop tard. »
Les adhérents de l'association dénoncent « un risque sans équivoque » de pollution de l'eau du Durbion et du captage du syndicat de Châtel-Nomexy.
Ph.ER
Ils sont cinq, tranquilles, assis autour d'une table à la mairie de Bayecourt. Leur calme tranche avec l'ampleur de l'enjeu : il s'agit d'éloigner le projet de décharge sur le territoire de
Villoncourt, rien de moins. Un village de 120 habitants aux portes d'Épinal et de Rambervillers : « Nous sommes conscients de la nécessité de trouver des solutions économiquement et humainement
viables », dit Laurent Jacquot, secrétaire de l'association Cademovi (Collectif antidécharge de Moyemont et Villoncourt). « Mais force est de le constater : nous n'avons pas été consultés sur ce
projet qu'on veut nous imposer. Nous demandons l'ouverture d'un débat, plutôt que la poursuite de tractations de gré à gré entre un opérateur et quelques propriétaires privés. »
Des propriétaires qui ont été contactés pour céder un terrain : « Il s'agit de créer une route, d'aménager un accès au futur site de stockage de déchets ultimes. »
Pollution de l'eau
Ces manœuvres souterraines ne laissent pas insensibles les représentants de l'association, d'autant que le conseil municipal de Villoncourt ne serait « pas trop hostile » à la perspective
d'accueillir la future grande poubelle du département : « En fait, les élus de cette commune n'en ont jamais débattu ni délibéré, alors qu'il s'agit d'un sujet épineux qui engage les générations
à venir ! », observe Damien Perrin. Président de l'association, il est domicilié à Villoncourt. Or, le point sensible, c'est que le lieu pressenti pour l'accueil du centre de stockage est situé
sur une butte à l'imperméabilité douteuse, si on se réfère à la présence de trous d'eau en contrebas : des masses liquides qui remonteraient du sous-sol, traversant les couches géologiques. Pour
les opposants au projet de décharge, « contrairement à ce qui semble établi, la couche d'argile est faible, il y a beaucoup d'écoulements d'eau souterraine. » En outre : « Le centre de stockage
serait situé sur un plateau surplombant le Durbion. Ce ruisseau se jette dans la Moselle à quelques kilomètres, entre Vaxoncourt et Châtel-sur-Moselle : c'est l'endroit précis où l'eau de la
concession du syndicat des eaux Châtel-Nomexy est captée. » Pour l'association, il existe donc « un risque sans équivoque de pollution de l'eau », une eau qui alimente quelque quatorze communes,
notent Daniel Hueber et Patrick Conte.
Par ailleurs, ajoute Bernard Perrin, maire de Bayecourt, les vents dominants vont porter « les odeurs de méthane et autres » à Badménil et Padoux (deux kilomètres, vent d'Ouest), Villoncourt,
Sercœur (deux kilomètres, vent d'Est), Dignonville et... Epinal, situé à neuf kilomètres à vol d'oiseau.
Outre la perte de valeur de leur maison, les habitants dénoncent des conséquences pour la faune, qui compte des espèces protégées de triton alpestre et de crapaud sonneur en forêt de Padoux,
classée patrimoine remarquable. Ainsi que le trafic intensif de camions : « Nous ne sommes pas allés nous installer à la campagne pour vivre cela ! »
J.-P. V. (Jean-Paul VANNSON) – Est-Républicain - 04/12/2008