Sarkozy dans les Vosges profondes (Est-Républicain)

Premier président depuis Raymond Poincaré à venir à Darney, Nicolas Sarkozy vient visiter une ferme, une scierie et une tonnellerie. Pour parler de la ruralité.


Hervé Buffe, maire de Darney : « Sortir de la spirale. » Photos Vincent HOPÉ

EPINAL.- Pas de ruralité sans paysans. Ce matin, le président de la République commence sa tournée avec Michel Barnier, ministre de l'Agriculture, à 11h15, dans la ferme de Bernard Sion à Lerrain. Il dialoguera avec des éleveurs frappés de plein fouet par la baisse du prix du lait : « Pour moi, la semaine de 35 heures finit le mercredi à midi ! » Bruno Laroche, 35 ans, agriculteur installé à Belmont-les-Darney depuis dix ans, voudrait lui dire un souhait tout simple : pouvoir vivre de la vente de ses produits. Il constate placidement la diminution de ses revenus. Comme le dit son voisin Daniel Grandclair : « Le cours du blé a perdu 50 % en un an. Alors, pourquoi le prix du pain ne baisse-t-il pas ? »


Bruno Laroche, jeune agriculteur : « Vivre de nos produits. »

Les paysans en sont conscients : « Personne n'échappe à la crise. » Mais ils voudraient continuer à vivre dans ce pays de Darney, où la solidarité est si forte : « Quand je suis tombé malade, l'été dernier, mes voisins sont venus faire les foins à ma place », confie Daniel Grandclair. Darney, c'est un pays de forêts, de prés et de vallons, de bourgs au patrimoine suranné : « Je suis tombé amoureux de cette région », dit Hervé Buffe. Originaire de Paris, le jeune maire s'est posé ici. Il va travailler chaque jour comme informaticien au Conseil général à Epinal, à une quarantaine de km. Il est bien décidé à sortir de l'ornière sa petite ville de 1300 habitants. L'énergie et le courage ne manquent pas. Les idées non plus : il caresse en secret un projet industriel. Dans ce secteur d'une densité de 15 à 17 habitants au km2, il s'agit d'échapper à la spirale infernale : « Les jeunes se forment à l'école et au collège, puis trouvent quantité de services et loisirs ailleurs. Il faut leur proposer une attractivité ainsi que des emplois ici. »

Urgence

Les principales firmes - comme la fabrique d'épaulettes Helsa - ont fermé leurs portes. La parqueterie Lemoine et l'une des fabriques de couverts, fondée en 1840, résistent. Le principal employeur est l'hôpital, flanqué de quatre établissements médico-sociaux. Une extension de l'hôpital est prévue, mais comment faire venir de jeunes médecins ? Le docteur Yannick Dars, conseiller général UMP, retrousse ses manches : au printemps, il a invité cent étudiants nancéiens à visiter l'établissement. Ce qu'il vante ? La qualité de la vie, à travers un cadre agréable, un service mutualisé, une dynamique associative. Contre le dépeuplement, le vieillissement et l'isolement géographique, il prône l'union des énergies. Les querelles de clochers s'estompent entre des chefs-lieux trop voisins - douze km : Darney et Monthureux. Darney a été un précurseur des « com de com » dans les Vosges, sous l'impulsion conjointe d'un gaulliste, Albert Fah et d'un socialiste, Daniel Audinot. Pour s'en sortir, la ruralité n'a d'autre choix que l'ouverture. Bienvenue, Monsieur le Président !

Jean-Paul VANNSON –Est-Républicain - 18/12/2008