ACCID est une association loi 1901 qui a pour but de s'opposer à l'implantation d'un Centre de Stockage de Déchets Ultimes ou à tout autre type de décharge ou de stockages contrôlés
7 Mars 2009
ENVIRONNEMENT
L'invasion d'insectes est problématique autour du complexe de méthanisation. Les rubans jaunes adhésifs pendent au-dessus de chaque poste de travail. D'autres pièges électriques ont été installés
dans le bureau d'où émane l'odeur âcre de l'insecticide en bombe aérosol. Dans ces locaux de l'agence Homeperf, la lutte contre les mouches est devenue une préoccupation quotidienne. Ici, à
quelques dizaines de mètres des hangars de maturation de l'usine Amétyst, la destruction des insectes vire même parfois à l'obsession. « Lundi, je n'ai fait
que ça », souffle une salariée. « C'est en permanence. Nous sommes prestataires de service pour l'hospitalisation à domicile. On stocke du matériel et, même s'il est protégé, ça pose un problème
d'hygiène. Et nous ne sommes qu'en hiver », renchérit Lionel Guiral, le responsable d'agence, en montrant les chiures de mouches qui s'incrustent sur les ordinateurs. Dans le bâtiment voisin,
Rada partage le même constat : « Quand vous êtes en rendez-vous avec quelqu'un et que dix mouches vous tournent autour, c'est désagréable. Du coup, on reste tout le temps dans un air confiné. »
Le problème des insectes s'ajoute, certains jours, à celui des odeurs. « Quand je rentre chez moi le soir, j'ai encore l'odeur dans le nez. C'est horrible. Et le problème, c'est qu'on n'a pas
d'info », déplore un salarié de Quincaillerie-Angles. « L'autre jour, j'ai eu une personne au téléphone. Je l'ai insultée tellement j'en ai marre. Je pense qu'eux-mêmes, dans l'usine, ne savent
pas comment la situation va évoluer », ajoute l'un de ses collègues.
Dans la vaste zone d'activités de Garosud, les mouches de l'usine sont devenues le principal sujet de conversation et d'énervement. « Vendredi soir, j'en avais quarante dans le bureau. Je devais
finir un devis mais j'ai abandonné, explique le responsable de la menuiserie Chalandar, qui mime les gestes effectués pour chasser les insectes. Ce dont j'ai peur, c'est qu'un ouvrier fasse ça
lorsqu'il travaille sur une toupie et se blesse. Il y a un vrai risque », insiste-t-il.
La présence des mouches s'avère également pénalisante pour certaines activités commerciales. « Comment fait-on quand il y a trop de mouches dans les bureaux ? » Dans cette zone du nord-ouest de
l'usine, deux traiteurs sont notamment installés mais l'un d'eux, Ghyslain Morvan, de Traiteur- Grand, se plaint moins de l'intrusion des insectes que « des chauffeurs de Nicollin qui roulent
comme des fous toutes les nuits ». « En fait, l'accès aux cuisines est protégé par des barrières électriques et on a des sas de sortie où il fait 2°, on n'est donc pas trop embêtés », poursuit le
jeune patron, qui voit certains voisins « péter les plombs ». Et tenter de trouver le meilleur piège : « Il paraît qu'avec un peu de bière au fond d'une coupelle, ça marche. Vous connaissez ?
»
Guy TRUBUIL et Jérôme CARRIÈRE
Midi-Libre - 06/03/2009
Attirées par Amétyst, l'usine de méthanisation du quartier Garosud à Montpellier, les mouches sont devenues le principal sujet de conversation et d'énervement des riverains. Pour les entreprises,
la présence de ces insectes s'avère dangereuse (« Un vrai risque pour les ouvriers », explique le chef d'une menuiserie), pénalisante pour le commercial ( « en rendez-vous avec dix mouches
autour, ce n'est pas facile » , explique un patron). Et les habitants du quartier n'en peuvent plus. Pourtant, assure Oliver Maubert, directeur de l'usine , « on a renforcé la fréquence de
traitement. »
Très difficile voisinage
Très difficile voisinage Une invasion de mouches en hiver ? Dans le périmètre de l'usine de méthanisation, c'est possible. Et cette situation inédite irrite fortement les riverains d'Amétyst. Des
habitants et des professionnels de Garosud qui avaient déjà déploré les odeurs libérées par le site. Ces nouvelles difficultés de voisinage ne facilitent évidemment pas la tache des exploitants
du site. Elles confirment une chose : le choix de l'implantation, en pleine zone urbanisée, n'était pas le plus simple.
Témoignages« On est vraiment envahis »
Les riverains de l'usine de méthanisation Amétyst n'en peuvent plus. « On est envahis par les mouches, commente cette habitante de la rue Charles-Gounod. Dès qu'il fait chaud, elles apparaissent
en quantité et aucun appareil n'est efficace pour les éloigner. Nous sommes inquiets car on est encore en hiver et l'on se demande ce que cela va donner à la saison chaude. Des voisins sont allés
se plaindre à l'Agglo. » Rue Étienne-Méhul, le propos est plus féroce chez une habitante installée à mi-rue, côté usine. « Les mouches et les odeurs, on n'en peut
plus. Les craintes que nous avions avant la construction de leur usinesurdimensionnée et en pleine ville se vérifient. On reçoit des odeurs de poubelles très régulièrement, parfois le
matin, des fois en cours de journée. Les mouches, on en avait eu l'été dernier déjà mais pas dans les mêmes proportions qu'en ce moment. Comment voulez- vous recevoir des gens chez vous alors
qu'on a l'impression d'être à côté d'une étable ? A la maison, on a une tapette à mouches dans chaque pièce et les fils collants qui pendent du plafond ne suffisent pas, vu le nombre. Et personne
ne dit rien ! A l'usine, on nous dit que ça va s'arranger et à l'Agglo, il n'y a pas moyen de rencontrer un élu. » Mouche cousue donc ! Même rue, un autre témoignage, plus mesuré. « J'ai eu
l'occasion de visiter le site et j'ai lu que le tri était mal fait en amont. Les gens rechignent à changer leurs habitudes pour les déchets. On nous avait promis une
usine sans odeur et avec zéro défaut. Il y a encore beaucoup de travail. »
Maubert : « La fréquence de traitement a été renforcée »
ENTRETIEN
Olivier Maubert est le directeur de l'usine
Les riverains et les entreprises d'Amétyst se plaignent d'une forte présence de mouches. Pourquoi cette nuisance ?
L'usine est encore en phase de
réglages et d'optimisation, à la fois sur des aspects techniques et d'exploitation. C'est vrai que, dès l'été dernier, nous avons eu à traiter la présence de mouches dans le bâtiment de
maturation, c'est-à-dire là où est le compost. C'est un bâtiment où nous faisions un traitement de désinsectification une fois par mois. Avec le redoux de ces dernières semaines, nous avons eu à
faire face aux mouches plus tôt que prévu et dans des proportions plus importantes, il est vrai.
Qu'allez-vous mettre en place pour répondre aux inquiétudes du voisinage ?
Nous avons renforcé la fréquence de traitement. Depuis deux semaines,
nous sommes passés à une phase de traitement hebdomadaire. C'est un produit au pouvoir rémanent, qui n'altère en rien la qualité du compost, mais il faudra encore quelques jours pour que l'on en
mesure les effets. La présence de mouches se limite au hall de maturation, elle ne concerne pas le hall des biodéchets et elle n'a rien à voir avec la qualité du tri en amont. Les nouveaux
produits que l'on utilise vont directement s'attaquer à la larve pour tuer le cycle de reproduction et l'insecte encore volant.
Les riverains vous reprochent aussi de ne pas avoir suffisamment communiqué.
Nous sommes vraiment sensibles aux remarques des riverains et on a toujours essayé d'en tenir compte. On s'occupe du problème, j'ai reçu cinq fournisseurs en deux semaines. On ne s'attendait pas
à ce phénomène début février.
En plus des mouches, vous avez aussi eu des goélands !
Nous avons eu une invasion de goélands et de mouettes début janvier. On a installé des effaroucheurs qui effraient avec des cris d'oiseaux blessés. Le problème est réglé.
On parle aussi d'odeurs.
Les odeurs, on en a solutionné énormément depuis le démarrage de l'usine. Dans tous les cas de nuisances olfactives, on enregistre les plaintes des riverains et ça nous met en alerte plus
vite.
Un autre riverain a retrouvé des traces d'acide dans sa chaudière. Est-ce lié à l'exploitation ?
Non, ce n'est pas possible. Il n'y a pas d'acide expulsé par l'usine. Nous avons une cuve qui la récupère et on a récemment ajouté une rétention qui n'existait pas sous la zone de dépotage. Il
faut aussi savoir qu'on a un suivi de la qualité de l'air autour du site.
Il y a quelques semaines, l'Agglo a invité les habitants à être plus performants sur le tri en amont des déchets. Avez-vous enregistré des progrès
?
Je ne sais pas si l'on peut parler de progrès mais disons que je n'ai plus eu, depuis, de déclenchement de produits radioactifs.
Lire les avertissements de l'ODAM ignorés dès août 2008 :
http://odam.ouvaton.org/articles.php?lng=fr&pg=356