ACCID est une association loi 1901 qui a pour but de s'opposer à l'implantation d'un Centre de Stockage de Déchets Ultimes ou à tout autre type de décharge ou de stockages contrôlés
25 Mai 2009
Sur les hauteurs de Villoncourt, hier matin, les vaches avaient de quoi rouler leurs gros yeux étonnés. Le bien
nommé (jusqu'à quand ?) site de "la Campagne" a en effet reçu la visite de quelque 200 manifestants-marcheurs venus, en chœur et à l'appel du CADéMoVi (Collectif anti-décharge
Moyemont-Villoncourt) dire non à l'implantation d'un centre de stockage de déchets ultimes dans ce petit coin de verdure préservé. Bien sûr, rapporté au potentiel des quatorze communes (environ
8 000 habitants) qu'une éventuelle pollution du Durbion pourrait concerner, le nombre reste encore maigre, mais floqué sur des t-shirts, peint sur des pancartes ou dans la bouche des
manifestants, le message est limpide. Comme l'eau qui jusqu'à présent circule dans les dolines (cuvettes) de cette partie des Vosges. " Les dolines sont importantes pour nous car elles
alimentent les nappes phréatiques et le Durbion", a lancé le président du CADéMoVi Damien Perrin avant que le cortège au départ de Bayecourt ne s'ébranle en direction de Villoncourt et de
"la Campagne", première étape de cette "marche des dolines" aussi dominicale que revendicatrice.
Halte à la pollution !
Depuis 2005, date de sa dernière grande action, le CADéMoVi s'était fait discret. Mais le vent a tourné et les autres potentiels successeurs à la décharge de Ménarmont ayant été étudiés (échec
du projet d'Escles, fin de l'enquête publique à Robécourt), l'urgence de la situation actuelle a sonné comme un coup de semonce dans le ciel de Villoncourt
et de tous les villages environnants. Rien d'étonnant à ce que des élus du secteur, écharpe tricolore bien visible, aient ouvert hier la marche, conscients de l'enjeu. "A
Domèvre-sur-Durbion, nous sommes une commune limitrophe ; nous sommes donc concernés par toutes les nuisances et, plus que tout, nous avons peur pour notre rivière, le Durbion, et tout le volet
pollution", note l'adjointe au maire Cécile Second. " Ils tablent sur 50 camions par jour", souligne Guy Rivat, adjoint à Sercoeur, un village déjà largement traversé par le flux
des véhicules sur la RD46. "Nous habitons à Sercoeur mais je suis exploitant à Villoncourt, explique pour sa part Fabrice, je suis donc concerné à fond. D'autant que les trous dans
le secteur, on les connaît très bien car on exploite tout autour, on sait comment l'eau va s'infiltrer. Et puis, tous ceux qui ont des parcelles autour le savent : partout où il y a une
décharge, il y a des papiers qui volent, des odeurs…" Son épouse Sandrine complète : "En habitant Sercoeur, on sait que l'on va devoir subir le passage des camions, or on a des
enfants…" Une phrase inachevée qui en dit long sur les inquiétudes de toute une population.
Sur le site de "la Campagne", au beau milieu des 72 hectares de champs, le camion qui sert aux forages semble narguer les manifestants qui connaissent les dolines et tous les trous générés par
d'anciens effondrements. Bien sûr, la pétition, sous la forme d'une banderole qui restera sur le site, est avant tout que symbolique. Derrière le CADéMoVi, tous placent leur espoir sur une
étude hydrogéologique menée dans les règles pour apporter l'argument rédhibitoire à l'implantation à leur porte d'un CDSU d'une capacité de 95 000 tonnes par an. En somme, le collectif
anti-décharge Moyemont-Villoncourt aimerait bien infliger au projet de centre de stockage qui menace la tranquillité du secteur le sort réservé aux déchets ultimes. Sera-t-il entendu
?
Claire BRUGIER
cbrugier@vosgesmatin.fr
Vosges Matin - 25/05/2009