C'est une levée de boucliers (Vosges Matin)

L'ensemble des membres du conseil des sages et les représentants des pêcheurs du secteur ont profité de l'enquête publique pour manifester leur opposition à l'implantation d'un centre de stockage des déchets ultimes à Robécourt.



C'est une levée de boucliers. À eux seuls, le président de la Gaule Mouzon Meuse, Christian Roux, le président d'honneur de la fédération de pêche des Vosges (qui est aussi membre du conseil des sages), Michel Bouvier et le président du conseil des sages, Claude Gardeux, parlent au nom de quelques milliers de personnes. Alors forcément, leur prise de position contre le projet d'implantation d'un centre de stockage des déchets ultimes à Robécourt est remarquée.



S'ils sont allés voir si l'herbe était moins verte ailleurs, c'est parce que le projet concerne aussi Neufchâteau. À une vingtaine de kilomètres à vol d'oiseau, le site pressenti pour le CSDU borde le Mouzon. Qui, après un petit virage en Haute-Marne, revient directement vers Neufchâteau. Ce qui veut dire que s'il y a un jour des problèmes de fuites à Robécourt, le lixiviat (le jus de la "décharge") arrivera forcément jusqu'ici. " Ils veulent mettre une géomembrane mais tôt ou tard elle sera détériorée ou ça débordera, lâche Christian Roux. On a connu ici de grosses pollutions dans le Mouzon, les gens s'en souviennent, ils ne veulent pas revoir ça."

"La mort programmée"

Mais finalement, qu'il y ait pollution ou non, les esprits seront tourmentés. " Soulosse, Grand, Damblain, Bure, Robécourt, c'est trop, appuient Claude Gardeux et Michel Bouvier. On est cerné par un ensemble de sites ou de projets de sites qui rend la vie dans la région insupportable. Et même si le site de Robécourt était sécurisé autant qu'ils disent qu'il va l'être, le préjudice moral est le même. Personne n'aura plus l'idée de venir vivre ici, ou d'y implanter une entreprise. C'est la mort programmée de la région." Qui souffre déjà d'une désertification.

Ophélie SCHMERBER

oschmerber@vosgesmatin.fr

Les sages et les pêcheurs refusent la "décharge" à Robécourt

L'eau potable. - " Les résurgences du Mouzon et de la Meuse alimentent l'Abreuvoir qui est en arrêté de biotope depuis 1997. Et ces eaux approvisionnent aussi la station de pompage en cas de problème sur le réseau de la ville."

Les écrevisses à pattes blanches. - "Le ruisseau de Sauville situé à quelques kilomètres du site prévu est classé en première catégorie piscicole. De plus, ce site est protégé par le conservatoire des Sites Lorrains en raison de la présence de la rare écrevisse à pattes blanches, vulnérable."

Natura 2000. - "Le projet est envisagé à proximité d'un site classé Natura 2000. […] Les objectifs de Natura 2000 sont de préserver la biodiversité et de vivre en bonne intelligence avec la nature."'

Des terres argileuses. - "L'enfouissement de ces déchets aura des conséquences déplorables sur le bassin du Mouzon et de l'Anger étant donné que les terres argileuses sont imperméables. Par conséquent, un ruissellement apparaîtra un jour ou l'autre vu le nombre de tonnes de déchets sur le site."

Les accords de Grenelle. - "Au moment où les accords de Grenelle préconisent le respect des précautions élémentaires pour la survie de la nature et de l'atmosphère, le moment semble favorable à une trêve dans cet enfouissement rejeté avec la plus grande fermeté."

La renommée de Contrex et Vittel. - "Les nappes phréatiques concernant Vittel et Contrexéville peuvent être concernées, sans parler du ternissement de leur renommée."

La santé. - "La santé physique et morale des habitants est à prendre en considération."

La valeur de l'immobilier. - "L'implantation du centre de stockage des déchets ultimes entraînerait une désertification du secteur, et une déperdition de la valeur de l'immobilier."

Les étapes du projet

Le choix. - La commune de Robécourt, 123 âmes, a été choisie par l'entreprise Trienersys pour y implanter un centre de stockage des déchets ultimes, ainsi qu'un centre de tri sur un site de 140 hectares qui se trouve au lieudit La Fennecière, en plein cœur de la forêt du Creuchot. Le stockage devrait concerner 11 000 tonnes de déchets par an. Depuis le début, l'association Accid se bat contre le projet.

L'enquête publique. - Jusqu'à mercredi, toutes les personnes qui se sentent concernées par le projet sont invitées à venir livrer leur opinion aux commissaires enquêteurs, en mairie de Robécourt (demain de 9 h à 12 h et mercredi de 17 h à 20 h) (ou par courrier et/ou email)

La décision. - Une fois que les commissaires enquêteurs auront rendu leurs conclusions, le préfet Dominique Sorain devra rendre un avis favorable ou défavorable. Jusque-là, aucun de ses prédécesseurs n'a donné son feu vert à un centre de stockage dans les Vosges. (après instruction du dossier et passage au CODERST)