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Association ACCID

ACCID est une association loi 1901 qui a pour but de s'opposer à l'implantation d'un Centre de Stockage de Déchets Ultimes ou à tout autre type de décharge ou de stockages contrôlés

Une victoire ? oui, mais une victoire à la Pyrrhus !

Bravo à nos amis du CRAD, ils se battent bien et méritent leurs succès. Je ne voudrais pas que mon article du jour soit mal interprété. Notre site est un espace d'échanges. Nous sommes prêts à débattre.

Vous allez me dire : mais qu'est ce que Pyrrhus vient faire dans cette histoire ? Une victoire à la Pyrrhus est une victoire chèrement acquise, au résultat si peu réjouissant qu'elle se rapproche d'une défaite.

Petit rappel historique : en 280 avant J.C., Pyrrhus (
), roi d'Epire, mit une sévère raclée aux Romains à Héraclée. Il y disposait d'une armée composée de 20 000 à 25 000 hommes et d'une vingtaine d'éléphants venus d'Inde. Au cours de cette bataille, ce sont ces derniers qui furent décisifs car ils semèrent la panique dans les rangs romains. Une nouvelle bataille victorieuse de Pyrrhus eut lieu en 279 avant J.C. à Ausculum. Ces deux victoires lui ont coûté très cher, car Pyrrhus y perdit la majeure partie de ses soldats, au point qu'il s'écria : "Encore une autre victoire comme celle-là et je rentrerais seul en Épire !".

Bon, retournons à nos déchets. Dans un premier temps, toutes mes félicitations à M. Audinot qui a osé mettre en place - avec succès - la pesée embarquée. Cela montre que la population n'est pas totalement indifférente à la problématique déchets, surtout quand elle s'y retrouve financièrement. Petit rappel cependant, dans le projet de Villers Services de Robécourt, la part des OM (Ordures Ménagères) à traiter ne représente que 25 000 à 30 000 t / an sur 110 000 t au total, le reste étant des DIB (Déchet Industriel Banal). La pesée embarquée ne concerne pas les DIB. Deuxième point, nos cantons respectifs figurent déjà parmi ceux qui produisent le moins de déchets, et trient et recyclent le mieux dans les Vosges. Réduire la production des OM ici, c'est un bon début, mais cela ne change en rien la problématique "Déchets" du département des Vosges.

En ce qui concerne le coté "scientifique", le nombre d'études "hydrauliques" faites par la SITA et /ou le CRAD  sur Pierraumont doit bien atteindre maintenant le nombre de 5 voire plus. Chaque camp produisant des études qui renforcent ses propres "convictions". On est là dans une bataille d'experts qui peut durer éternellement. Personne, je dis bien personne, ne pourra jamais garantir que les fuites de lixiviats - inévitables à moyen ou long terme- ne pollueront pas la nappe phréatique ou celle de Vittel / Contrexéville. Seule la durée, au bout de laquelle le lixiviat aura raison des barrières actives et passives, est inconnue : 5 ans, 10 ans, 30 ans, plus, ... Le simple bon sens, ou l'application du principe de précaution en cas de doutes, aurait du faire réfléchir depuis longtemps la SITA et lui faire retirer son projet. Rien qu'à cause du doute. Il n'est pas inutile de rappeler que la problématique est la même à Robécourt avec le projet de Villers Services.

En ce qui concerne "la victoire juridique". Là, je ne suis pas d'accord. C'est pour moi une victoire à la Pyrrhus. Le PEDMA (Plan d'Elimination des Déchets Ménagers et Assimilés) des Vosges ne respectait pas la législation à la lettre ? Certes, mais il avait le mérite d'exister et de baser l'implantation d'un futur CDSU sur l'étude du BRGM de 2002 : la seule étude faite de façon indépendante et sans arrière-pensée à ce jour. Etude qui abordait tous les points sensibles de l'enfouissement des déchets. Le PEDMA n'indiquait pas de localisation précise ? Bien, mais il encourageait fortement les industriels à ne pas présenter de projets en zones contraignantes, ce qui était un moindre mal (voir extraits ci-après)

 




Ce plan était de toute façon en révision depuis déjà au moins 6 mois, et les associations anti-décharge sont associées à cette révision à titre consultatif. Les seuls échos parvenus à ce jour (voir article http://accid.over-blog.com/article-15093525.html) laissent bien apparaître la volonté des participants de "faire passer à la trappe" cette référence au rapport BRGM de 2002 qui gêne tant les industriels.

Faire casser le PEDMA actuel par le tribunal Administratif de Nancy, sans que sa version révisée n'ait été encore approuvée, créé
un vide juridique redoutable dans le département des Vosges. Des entreprises comme Villers-Services ne vont pas se gêner pour en profiter. Le CRAD s'était pourtant beaucoup mobilisé en mars 2007 pour que la Commission de Révision du PEDMA déclare que le projet de Pierraumont n'était pas compatible avec le PEDMA actuel  des Vosges.

Maintenant, les Vosges n'ont plus de PEDMA. La nouvelle mouture sera soumise à enquête publique quand elle sera finalisée.  Il semblerait que le département des Vosges se soit lancé, comme c'est la mode un peu partout en France en cas de blocage, dans la recherche de critères pour choisir un site, le coté scientifique de la démarche devant rassurer les populations et ne pas permettre de contester la décision.

Cependant, tout le monde sait (
j'en ai eu encore confirmation à la réunion du CNIID hier
) que cette démarche est détournée. Au lieu de choisir des paramètres et des pondérations pour trouver des sites possibles, de façon objective, le raisonnement est inversé. On connait déjà les projets (Robécourt, Escles et Rugney), et on cherche juste à trouver les bons paramètres, critères qui permettent de retomber sur ces sites où les projets sont bouclés, surtout des cotés foncier et géologique.

Il suffit de mettre pleins de paramètres et de faire varier les pondérations. Après les associations ne peuvent plus rien dire car elles ont été associées au processus. Et puis, le coté « scientifique » empêche toute discussion.
Les seuls départements, communautés qui jouent vraiment le jeu - transparence et concertation - sont ceux qui ne ce contentent pas de fixer de multiples paramètres pondérés, mais fixent des paramètres stricts d'exclusion. Suit un exemple de tels critères.






On peut donc se poser deux questions :

- est-ce que le CRAD aurait déposé un recours juridique contre le PEDMA des Vosges si le site de Pierraumont avait été clairement exclu des zones possibles pour un CSDU selon le rapport du BRGM 2002 ? Et non placé juste à la limite.  Robécourt était clairement dans une zone contraignante.

-est-ce que le Département des Vosges est prêt à réellement jouer le jeu et à pratiquer la transparence et la concertation, et non à jouer avec des  paramètres, pondérations pour imposer un dossier de CSDU tout fait. Cela se verra clairement dans les critères retenus pour le choix des sites possibles : tous les départements qui jouent le jeu excluent d'office sans dérogation possible les zones : Natura 2000, ZNIEFF, celles éloignées des centres de productions de déchets (principe de proximité), les zones humides, les zones avec une pente trop forte, ... Les autres noient le poisson dans des dizaines de paramètres pondérés suivant le besoin. Nous serons vite éclairés:  fixer de tels critères d'exclusion, reviendra à exclure à la fois les projets de Pierraumont et de Robécourt.

Mais une vraie démarche de recherche est beaucoup plus longue. Il faut plusieurs années pour la mener à bien, en général 2, 3 ans. Pendant ce temps là, pas de nouveau CSDU dans les Vosges. Les habitants de Ménarrnont apprécieront.

J'ai bien peur que le CRAD ait pris le très grand risque que, écrit dans l'urgence,  le nouveau PEDMA des Vosges - conforme celui là - indique clairement la localisation des nouveaux CSDU vosgiens, c'est à dire à Pierraumont et à Robécourt.

Encore une victoire comme celle là, et nous pourrons dire à Robécourt, comme Pyrrhus, "Encore une autre victoire et nous resterons seuls en course pour le CSDU et VS pourra commencer à creuser !".


suit l'article de l'Est-Républicain de ce jour :

 

Le Crad fait du propre

Ambiance apaisée au Void d'Escles où le collectif anti-décharges cueille le fruit de son travail.




Victoires juridiques, scientifique et écologique. Trois acquis à mettre à l'actif du CRAD (collectif rural anti-décharges). Devant une assemblée assez fournie, Renaud Gutton fait d'abord état du succès de l'association devant le tribunal administratif. Le 9 avril, les juges de Nancy ont donné raison au Crad : selon eux, le plan départemental d'élimination des déchets ne respecte pas la réglementation en vigueur.


Défaut de localisation


Ils considèrent que le plan déchets des Vosges n'indique pas la localisation des centres d'enfouissement prévus dans le département, contrairement aux prescriptions réglementaires. Le Crad avait engagé un recours deux ans auparavant, en avril 2006. Il soulignait les risques inhérents au projet d'implantation par la Sita Lorraine, filiale de Suez, sur les sites d'Escles/Pierraumont : « Le site proposé constitue un risque potentiel de pollution de la nappe phréatique des grès vosgiens qui alimentent en eau potable nombre de communes vosgiennes, ainsi que les sources d'eau minérales de Vittel/Contrexéville/Hépar. Cette menace a été dénoncée par Nestlé-Waters, qui exploite l'usine d'embouteillage de Vittel, dont les emplois dépendent directement de la qualité de l'eau », argumente Renaud Gutton. « Or c'est précisément sur le choix du lieu d'implantation de ce type d'installation que porte la censure du tribunal administratif. »


Duel de scientifiques


La messe est-elle dite ? Pour le moins, le projet d'Escles n'est plus en odeur de sainteté. Mais le Crad continue à ferrailler. Le scientifique Renaud Gutton appelle à la rescousse un hydrogéologue, Jean-Pierre Vançon, qui contrecarre l'expertise d'Emmanuel Ledoux, professeur dans la même spécialité à l'école des Mines de Paris, rémunéré par la Sita Lorraine pour donner son avis sur le centre de stockage prévu à Escles. Un rapport qui « pose plus de questions qu'il n'en résout », conclut Renaud Gutton. Pour M. Ledoux, le positionnement sur la ligne de partage des eaux est une situation idéale. Pour M. Vançon, les écoulements partent alors dans tous les sens et leur contrôle devient difficile, voire impossible à maîtriser. « L'assurance d'embêtements à 100 % », selon Yves Babot, un hydrogéologue régional.

Ultime satisfaction relevée par Daniel Audinot, vice-président du Sicotral : depuis octobre, date de la pose des premières puces sur les poubelles à déchets résiduels, ces derniers ont diminué de 56 %. La preuve d'une prise de conscience de
la population.



J.-P. V.

Est-Républicain - 18/05/08

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