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Association ACCID

ACCID est une association loi 1901 qui a pour but de s'opposer à l'implantation d'un Centre de Stockage de Déchets Ultimes ou à tout autre type de décharge ou de stockages contrôlés

En Charente, les riverains de SAINTE-SÉVÈRE se révoltent !

Edifiant. Suivent deux articles de la Charente Libre. Un de juin 2007 annoncant les travaux de mise aux normes de la décharge de Sainte-Sévère (15 millions d'euros !!). Un d'août 2008 relatant la colère des riverains contre les nuisances olfactives.

LES RIVERAINS DE SAINTE-SÉVÈRE SONT EN COLÈRE


Victimes de fortes nuisances olfactives et craignant pour leur santé, des riverains de la décharge se mobilisent pour faire entendre leur voix avant son extension



Les aménagements réalisés l'an passé par Calitom et présentés par son président, n'ont pas stoppé les nuisances selon les riverains • photo Phil Messelet

On n'en peut plus. On a atteint le point de non-retour.» L'un vit à Sainte-Sévère, un autre aux Métairies, leurs voisins de table à Réparsac. Tous ont en commun d'être à bout. Certains souffrent d'un cancer. «Huit sur une vingtaine de maisons environnantes, c'est pas rien. Il y a matière à s'interroger», lâche dépité Jacky Cosset, atteint à la moelle osseuse. Il est de Nercillac. Et comme ses compagnons, il entend agir désormais pour sensibiliser la population des environs à leur combat: la lutte contre le projet d'extension de l'installation de stockage de déchets non dangereux de Sainte-Sévère (ISDND). «On n'en veut pas, martèle-t-il. On ne peut pas aller contre le traitement des déchets. Mais agrandir dans les conditions actuelles n'est pas possible. ça nous fait peur. Que les responsables de Calitom (1) fassent d'abord le nécessaire pour stopper les nuisances sur le site, à commencer par éliminer ces odeurs qui nous polluent
la vie.»

Impact olfactif hors normes

Des odeurs pestilentielles, plus durement ressenties à la tombée de la nuit et au petit matin qu'en journée. Mais présentes sans cesse malgré tout. «Imaginez vivre les volets clos ou semi-clos tous les jours, c'est intenable, décrit Jacky Cosset. C'est pas une vie. Ces derniers temps, c'est même carrément l'enfer.» Des derniers temps où les odeurs viennent, portées par les vents, jusqu'à Bourg-Charente. Leur persistance s'est en effet accrue de façon importante au cours des derniers mois. Jean Revéreault, le président de Calitom, ne le nie pas. «Les nuisances olfactives sont réelles et sérieuses.» Difficile d'affirmer le contraire à la lecture des conclusions de l'étude réalisée en décembre à Sainte-Sévère par GED environnement à la demande de Calitom.

A la suite de tests olfactométriques, ce cabinet d'expertise indépendant a relevé «des odeurs importantes aux limites de propriété et de l'ordre de 15 ouE/m3 [odeur unité européenne, NDLR] aux premières habitations». Trois fois plus que la norme réglementaire. A cela s'ajoutent «un bassin des eaux de compost très émetteur (supérieur à 60ouE/m3) et des odeurs de biogaz et compost perçues au-delà de 1.300 mètres». Pour Lionel Pourtier, responsable de l'étude, le constat est sans appel. «L'impact olfactif. Une extension du site n'est envisageable que si l'on parvient d'abord à contrôler ces émissions.»

«Après les gaz, on nous étouffe avec les mots»

Du côté de Calitom, on fait profil bas. On montre patte blanche à coup de réunions publiques, quatre depuis janvier dernier. On explique et on rassure surtout. Jean Revéreault: «On ne veut rien cacher de cette étude que nous avons présentée aux riverains en juin. L'aspect sanitaire est notre préoccupation majeure. Bientôt, de nouveaux casiers de stockage verront le jour, enfouis en profondeur. A terme, le biogaz sera filtré et valorisé puisqu'une installation de valorisation est à l'étude pour une mise en place en septembre. En attendant, je comprends le courroux des riverains. Mais qu'ils sachent que l'on fait de notre mieux pour limiter les nuisances.»

Au titre des mesures prises récemment, des couches d'argile ont été installées sur les casiers de stockage incriminés, casiers recouverts au préalable de terre végétale. Calitom a également mis sur pied un «jury de nez», des riverains chargés de repérer si possible la nature des odeurs «afin de déterminer d'où elles peuvent provenir exactement», explique son président. D'autres sont en cours. Des dispositions qui ne rassurent pas pour autant Jacky Cosset et ses compagnons. «Après les gaz, on nous étouffe avec les mots. On se fait promener. Il suffit d'aller sur le site pour s'en rendre compte.» Photos à l'appui, il montre les fameuses couches d'argile, fissurées «et loin d'être à un mètre de profondeur», les matelas, poubelles plastiques, pare-chocs et autres déchets qui «n'ont rien de ménagers ce qui en dit long sur la qualité des contrôles soi-disant effectués à l'entrée du site». Au-delà, tous évoquent les bennes de livraison d'ordures «pas toujours bien bâchées qui déversent les sacs plastiques sur les routes». Et surtout les torchères du site qui permettent de brûler les excédents de gaz, «souvent en panne», affirment-ils. A moins de 900 degrés, elles peuvent libérer des dioxines. «Quand elles fonctionnent mal, on les éteint», affirme Jean Revéreault. Sur la base de l'étude de GED, il n'y a d'ailleurs aucun risque sanitaire à craindre sur ce point au regard des polluants retenus comme facteurs de risques connus, tel le benzène. «Il y a 1,63 chance sur un milliard d'avoir un cancer», explique Lionel Pourtier pour couper court aux fantasmes. «Oui, mais si on prend le cocktail qui sort de ces torchères, ça donne quoi?», s'inquiètent les riverains dont les plus malades font aisément le lien entre ce qu'ils respirent et leur affection.

Pour le savoir et avoir accès à toutes les pièces du dossier, ils ont décidé de constituer une association, ont contacté les époux Lavaud, victimes de la pollution sur le site de la décharge de Poullignac, et multiplient les courriers aux élus. Des élus «qui nous renvoient vers l'étude de GED et Calitom, une bonne façon de se débarrasser du problème», pestent-ils, bien décidés toutefois à ne pas baisser les bras.

(1) Calitom est une structure publique composée d'élus du département issus de 390 communes adhérentes. En charge de 31 déchetteries, elle assume la collecte des ordures, des emballages recyclables et du verre.

Gilles BIOLLEY
Charente Libre - 01.08.2008

DÉCHETS: LES TRAVAUX DÉBUTENT À SAINTE-SÉVÈRE

 

Celle de Poullignac ferme en septembre. Celle de Rouzède devrait tenir jusqu'en 2009, peut-être 2010. La clef de voûte des déchets départementaux reste donc Sainte-Sévère qui devra absorber les 70.000 tonnes de détritus stockés par Calitom. Une situation qui devrait se débloquer dans les années à venir, lorsque l'agrandissement de Poullignac, dans le Sud-Charente, aura été réalisé et quand le syndicat départemental des déchets aura trouvé un lieu d'implantation d'une troisième décharge dans le nord-est du département.

Pourtant, Jean Révéreault est serein. Le président de Calitom a tout prévu ou presque. D'ici à 2011, il va signer pour près de 15 millions d'euros de chèque pour moderniser Sainte-Sévère et enclencher la nouvelle phase de traitement des ordures. L'étape qui devrait permettre de réduire de 40% le tonnage enfoui en extrayant des sacs noirs les fermentescibles pour qu'il ne reste que les déchets secs à mettre en terre.

Actuellement les bulldozers creusent les futurs casiers. Mais ce n'est que l'infime partie des travaux qui vont débuter dans les mois à venir. Premier chantier, le centre de transfert des sacs jaunes. 573.000€ pour recevoir le tri sélectif du secteur et les envoyer par camion soit au centre de tri de Poullignac, soit à celui de Châteaubernard et à partir de 2010 à Champagne-Mouton, quand le nouveau site sera opérationnel.

Tri biomécanique

Deuxième chantier, la plate-forme de compostage. «On la refait entièrement. Elle sera sur du béton, avec une soufflerie pour accélérer la maturation du compost et on récupère la chaleur pour chauffer les bâtiments», détaille le président. 2,3 millions d'euros d'investissement. Actuellement, le compost repose sur une grande aire goudronnée, entourée de fossés pour récupérer les eaux d'écoulement. Le plus gros des chantiers à venir est l'usine de tri biomécanique. Implantée à l'entrée de la décharge, elle fera le tri dans les sacs noirs. A la sortie, il y aura d'un côté des déchets secs prêts à être enfouis. De l'autre, des fermentescibles bons pour faire du compost. L'investissement est lourd: 12 millions d'euros. Aussi lourd que l'enjeu, la réduction massive des déchets enfouis.

L'équipement ne sera pas opérationnel avant 2011, mais il préfigure la gestion future des déchets départementaux. «On prévoit de construire une seconde usine de traitement biomécanique dans le département», ajoute Jean Révéreault. Chaque usine devrait être capable de traiter 25.000 tonnes de déchets par an. «Elles réduiront aussi le traitement des jus». En enlevant les fermentescibles, il y aura une grosse diminution de la production de lixiviats (1).

«On n'a pas le droit à l'erreur», convient le président de Calitom qui veut faire de Sainte-Sévère la vitrine du bon traitement des déchets. D'ailleurs, les nouveaux aménagements prévoient un parcours pédagogique. Le meilleur moyen de convaincre les futurs riverains de la future décharge du nord-est qu'ils n'auront pas à subir de pollution ou de nuisances comme pouvaient en générer les anciennes décharges.

Pour l'instant, le calendrier n'est pas très précis. Il s'ajustera en fonction de nombreux paramètres, comme la date réelle de fermeture de Rouzède ou comme la technologie choisie pour le tri biomécanique. «Nous allons lancer un appel à candidature cet été auprès de différentes sociétés. Nous aurons un dialogue compétitif auprès des candidats. Et il y aura une période de test avant la mise en exploitation du site» pour éviter les mauvaises surprises coûteuses.

(1) Lors de la décomposition des déchets, l'humidité qui s'y infiltre produit un liquide appelé lixiviat

Richard TALLET
Charente-Libre - 08.06.2007

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